Après l'adoption par le Conseil de sécurité d'une nouvelle résolution sur le Sahara, l'ambassadeur marocain Omar Hilale a tenu, hier soir à New York, un point de presse, marqué par deux moments phares. Le représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU, Omar Hilale, a qualifié l'intervention de son homologue algérien de «show mal-scénarisé» et de «sortie de scène lamentable». «Il a essayé de recourir à l'émotion en faisant beaucoup de compassion sur les droits de l'Homme. Malheureusement, son message n'était pas audible parce que venant d'un pays qui viole les droits de l'Homme, qui ferme les journaux et les télévisions, qui persécute l'opposition (…) et qui persécute le peuple kabyle», a-t-il noté, lors du point de presse qu'il a tenu hier soir à New York. Pour le diplomate marocain, le rejet par les membres de l'instance exécutive de l'ONU des deux amendements présentés par l'Algérie «est un échec de la diplomatie algérienne, un échec pour sa politique de diviser le Conseil de sécurité et de faire pression dessus». L'ambassadeur marocain a affirmé, par ailleurs, que l'Algérie a «manqué de respect au porte-plume (les Etats-Unis, ndlr) de la résolution : ce sont des attitudes irresponsables». Hilale a relevé que c'est la première fois que l'Algérie, depuis le début de son mandat au Conseil de sécurité le 1er janvier 2024, agit de la sorte sur les questions examinées par les Quinze. «Cela prouve l'implication directe de l'Algérie et sa responsabilité dans le dossier du Sahara», a-t-il assuré. «Si De Mistura veut partir, on ne va pas le retenir» Le diplomate a également pointé du doigt le refus algérien de ne pas prendre part au vote. «C'est une sortie de scène lamentable», attestant de «son implication directe» dans ce conflit, a-t-il affirmé. Hilale a déploré le refus du voisin de l'Est de reprendre sa place au format des tables rondes, lancé par l'ancien émissaire de l'ONU, l'Allemand Horst Köhler. L'ambassadeur marocain a répondu aussi à une question sur la partition du Sahara, proposée par Staffan de Mistura lors de sa comparution le 16 octobre au Conseil de sécurité et rejetée par le royaume. Le diplomate a précisé que l'actuel envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU «n'a fait que transmettre une proposition algérienne (…) L'Algérie ne présente la partition de la province que lorsqu'elle est dans une impasse diplomatique et faible politiquement, sous la pression de la communauté internationale». Et de rappeler que le président algérien Abdelaziz Bouteflika avait proposé la partition de la province, en novembre 2001 à James Baker, quelques mois après que l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a écarté l'option du référendum au Sahara. Hilale a également haussé le ton contre l'ultimatum de six mois que De Mistura a donné aux parties pour la relance du processus politique, sous peine de recommander à l'ONU de se retirer définitivement du dossier. «Le mandat de l'envoyé personnel est clair. Il consiste à faciliter la solution entre les parties. En revanche, l'évaluation du dossier ne relève pas de ses prérogatives. C'est au secrétaire général de la faire. C'est aux membres du Conseil de sécurité de la faire.» Omar Hilale Et d'enchaîner par rappeler ironiquement à De Mistura qu'il y a «un guide de l'ONU sur les mandats des envoyés personnels». Par ailleurs, Omar Hilale a critiqué la «complaisance» de l'Italo-sudéois envers la position algérienne et «son manque d'autorité» pour imposer aux parties la reprise des négociations. L'ambassadeur a souligné que «le Maroc, même s'il n'est pas satisfait de l'action de De Mistjura, parce qu'on n'a rien vu, continue de lui faire confiance et de le soutenir». «Mais s'il souhaite démissionner, on ne va pas le retenir. C'est son droit», a-t-il affirmé.