Rendu public ce jeudi 24 octobre, le rapport «Etre musulman dans l'Union européenne» de l'Agence des droits fondamentaux (FRA) fait état d'une augmentation considérable des discriminations racistes à l'égard des musulmans, dans 13 de l'UE. Le document note que presque une personne sur deux en a fait l'objet, ces cinq dernières années. L'augmentation est pour le moins «déshumanisante». Selon l'Agence des droits fondamentaux (FRA), 47% de musulmans disent avoir fait l'objet de discriminations à caractère raciste, ces cinq dernières années dans 13 pays de l'Union européenne, en raison de leur appartenance religieuse. Dévoilé ce jeudi 24 octobre, le rapport «Etre musulman dans l'UE» (Being Muslim in the EU) fait état d'une hausse considérable, ce taux ayant gagné plus de dix points en deux ans (35%). Dans ce sens, l'instance souligne «une montée inquiétante du racisme et de la discrimination contre les musulmans en Europe». Une situation «alimentée par les conflits au Moyen-Orient et aggravée par la rhétorique antimusulmane déshumanisante que nous observons sur l'ensemble du continent», bien que le rapport ne couvre pas la période après le 7 octobre 2023, au lendemain de l'action du mouvement de résistance palestinien Hamas et de la guerre d'occupation menée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza. En effet, cette étude se fonde sur les résultats d'un questionnaire soumis à près de 9 604 personnes de confession musulmane, entre octobre 2021 et octobre 2022. Parmi les groupes interrogés, l'immigration marocaine a été représentée à travers 1 397 répondants : 180 en Belgique, 673 en Espagne, 110 en France, 355 en Italie et 79 aux Pays-Bas. L'étude couvre 13 pays de l'UE : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Suède. En Autriche, les interrogés ont été les plus nombreux (71%) à faire état de situations discriminantes. Ils sont suivis de ceux basés en Allemagne (68%) et en Finlande (63%). En France, ils sont de 39%. Directrice de l'Agence européenne depuis mars 2024, Sirpa Rautio souligne qu'«au lieu de semer la division dans nos sociétés, nous devons veiller à ce que chacun dans l'UE se sente en sécurité, inclus et respecté, quelles que soient sa couleur de peau, son origine ou sa religion». Au début de l'année, l'instance a publié une enquête soulignant aussi une hausse de l'antisémitisme en Europe. Ces constats croisés, précédés par le rapport «Etre noir dans l'UE», traduisent l'atmosphère de crispation identitaire dans le continent. Les musulmans de plus en plus discriminés à l'emploi et au logement Dans le détail, les situations discriminantes visant les musulmans dans l'Union européenne varient d'une personne à l'autre. Ainsi, celles originaires de pays d'Afrique subsaharienne sont plus enclines à «subir des discriminations racistes», de même que «les jeunes musulmans nés dans l'UE», ou encore les femmes portant des vêtements perçus comme étant «religieux». Ces situations sont rapportées encore plus au niveau du marché du travail et de l'accès au logement. Ainsi, «les musulmans sont le plus souvent victimes de discrimination dans leur recherche d'emploi (39%) ou sur leur lieu de travail (35%)», tandis que «deux musulmans sur cinq (41%) sont surqualifiés pour leur emploi, contre 22% de la population générale» dans l'UE. Les femmes de 25 à 44 ans, visibles en raison de leur vêtement considéré comme religieux, sont plus exposées aux discriminations dans l'accès à l'emploi (41%) par rapport aux autres (31%). Plus elles sont jeunes, plus les discriminations s'accentuent. Ainsi, le chiffre grimpe à 58% pour les 16-24 portant un vêtement dit «religieux». En termes d'accès au logement, 35% des répondants dans les pays étudiés disent ne pas avoir été en mesure d'acheter ou de louer un domicile, à cause des discriminations subies. En 2016, ce chiffre a été de 22%. Parmi les 27% à affirmer par ailleurs avoir été contrôlés par la police, au cours des cinq dernières années, 42% estiment que cette action est liées à leur origine ou à leur ethnie. Face aux constats dressés, la FRA a appelé les Etats membres de l'UE à porter une attention plus particulière à l'islamophobie, dit «racisme anti-musulmans». Dans ce sens, l'institution a préconisé de «collecter des données sur tous les motifs de discrimination pour permettre une meilleure élaboration des politiques», en plus d'«appliquer correctement les lois anti-discrimination». Dans le même registre, la FRA a appelé à «éradiquer les pratiques et cultures institutionnelles discriminatoires» dans l'UE, conduisant à des contrôles policiers «illégaux». Article modifié le 24/10/2024 à 15h47