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Islamophobie en Europe : Des préjugés « plus profonds » que pour d'autres racismes
Publié dans Yabiladi le 21 - 03 - 2013

Islamophobie en Europe : Des préjugés «plus profonds» que pour d'autres racismes
Une association analyse le racisme et plus précisément l'islamophobie présents en Europe. Elle estime que les préjugés contre les musulmans sont plus «profonds» que ceux liés à d'autres formes de racismes. Explications.
Une association analyse le racisme et plus précisément l'islamophobie présents en Europe. Elle estime que les préjugés contre les musulmans sont plus «profonds» que ceux liés à d'autres formes de racismes.
«L'islamophobie décrit la crainte, les préjugés et la haine irrationnels envers l'Islam, les musulmans ou la culture islamique», selon l'ENAR, Réseau européen contre le racisme, une association belge. Dans le rapport «Le racisme en Europe» rendu public aujourd'hui, mercredi 20 mars, ce réseau associatif, met en lumière le racisme que subissent les musulmans en Europe. Il souligne en particulier la position des femmes musulmanes qui se retrouvent deux fois plus vulnérables parce qu'elles subissent la discrimination liée, d'une part, à leur sexe, d'autre part, à leur religion.
«[…] les femmes et les filles musulmanes sont souvent les plus affectées par la discrimination et la haine religieuse étant donné le traitement dont elles font l'objet à cause de leur tenue vestimentaire. Dans certains pays, le port du voile intégral est interdit en public», accuse le président de l'ENAR, Chibo Onyeji. Par leur tenue les musulmanes manifestent leur religion et, de la même façon que des lois en Autriche et en Suisse limitent la taille et la visibilité des mosquées, certains gouvernements veulent les contraindre à être moins visibles.
Préjugés croissants
Cette islamophobie a une spécificité estime l'ENAR par rapport à d'autres formes de racismes. «Les préjugés croissants à l'encontre des musulmans sont souvent plus profonds que ceux éprouvés par d'autres groupes minoritaires religieux ou ethniques», explique le rapport. Surprenante remarque lorsque l'on sait qu'il y a 15 ans personne ne pointait du doigt les musulmans en Europe. Le racisme était alors tourné plus largement contre les maghrébins et les arabes.
Les deux racismes appartiennent à une seule et même histoire, estime Farid El Asri. «L'islamophobie a des racines historiques profondes lié au fantasmes de l'envahisseur. Ce rejet pourrait être simplement associé à l'Autre sans prendre de dimension particulièrement religieuse, mais historiquement il est bien lié à la religion», commence le chercheur. Selon lui, l'Europe s'est construite et définie dans son opposition au monde arabo-musulman. «Du VIIe au XIIIe siècle celui qui produit un discours sur l'autre c'est l'Eglise donc nécessairement cette logique d'opposition, cette façon de décrédibiliser l'autre pour affirmer sa légitimité, a pris une dimension religieuse», explique Farid El Asri.
Tous islamophobes ?
Aujourd'hui, les sociétés européennes héritent de cette focalisation historique sur l'islam qui se double d'un nouvel élément : les étrangers d'hier, les immigrés, les arabes sont aujourd'hui Français, Belges, Néerlandais. «Quand Mohamed dit qu'il est comme Nicolas, alors qui est Nicolas ?», lance Farid El Asri. Selon lui, le repli communautaire que les médias et l'opinion publique pointent du doigt chez les musulmans renvoit, en réalité, à «un repli de la majorité. Les musulmans servent d'échantillon : ils interrogent directement l'identité de l'Europe. Qu'est ce qu'être belge, par exemple, si Mohamed est belge ?», explique Farid El Asri.
Mis en situation d'incertitude, ces «majorités» européennes choisissent le rejet selon l'ENAR. «L'islamophobie est largement répandue», estime le rapport, sur la base de rapport nationaux qualitatifs, réalisé par d'autres associations anti-racistes. «Je ne pense pas que la majorité soit islamophobe, elle est juste inquiète, angoissée, ce qui agit c'est la peur, estime Farid El Asri. Il peut y avoir une légitimité à avoir peur, mais la question est de savoir comment on la confronte : est ce qu'on en fait un discours politique stigmatisant ou est-ce qu'on explique la complexité, on cherche à comprendre ?»


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