La part de plus en plus croissante occupée par l'islam en France, et plus précisément dans les banlieues, pousse à s'interroger en France. Alors que certains ont essayé d'expliquer les raisons d'une telle situation, d'autres se sont alarmés face à une «menace» grandissante. L'étude «Banlieue de la République», publiée le 4 octobre dernier a ramené au goût du jour, le débat sur l'islam, que d'aucuns considèrent comme la cause de la crise sociale dans les banlieues. L'enquête, menée par une équipe de chercheurs conduite par le politologue Gilles Kepel, montre qu'il n'en est rien. Pour lui, le «sentiment de mise à l'écart a favorisé une intensification des pratiques religieuses». L'islam a selon son analyse, joué un rôle plus fédérateur que les politiques publiques, fournissant «repères collectifs, morale individuelle, lien social, là où la République a multiplié les promesses sans les tenir». Contrairement à ce que beaucoup pensent, l'islam en banlieue ne se serait pas développé en opposition à la République, mais en l'absence de celle-ci. La religion a en d'autres termes, comblé le vide laissé par la République française. Gilles Kepel souligne le fait que le recours à la religion est un «symptôme de la crise des banlieues, pas sa cause.» Dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde, dans son édition du 14 octobre, Leyla Arslan, coordinatrice de l'enquête, va plus loin, expliquant que «l'expression du religieux ou de l'ethnicité est liée aux parcours sociaux des individus». L'islam permet ainsi à certains, de se positionner par rapport à la société. «L'intensification de l'identité musulmane doit réenchanter un quotidien perçu comme difficile pour donner un sens à la galère». Leyla Arslan a également précisé : «Cela ne signifie pas qu'il y ait une volonté de construire une société séparée, islam d'un côté contre République de l'autre». Pour elle l'enquête confirme «la volonté d'appartenance pleine et entière des personnes de confessions musulmane à la communauté nationale, sans être désignées constamment comme "autre"», un avis loin de faire l'unanimité. «L'islam reste une menace» Tel est l'avis exprimé par la démographe Michèle Tribalat, toujours dans les colonnes du Monde. Dans la tribune qu'elle y a rédigée, la démographe estime que «l'islam est souvent présenté comme faisant partie intégrante des racines et de l'histoire de la France, pour réduire les inquiétudes» qu'il suscite. «En réalité, cela fait plusieurs siècles que l'Europe a renversé ce rapport de forces. L'islam avait, jusque récemment, disparu des pays d'Europe occidentale (…) Le développement de l'islam y est donc lié à l'immigration étrangère», a-t-elle argumenté. Mais de quoi faut-il s'inquiéter dans le fond ? Michèle Tribalat s'est contentée de démontrée à force de chiffres, comment l'islam se consolidait, alors que le catholicisme et le christianisme régressait. Même après plusieurs relectures aucune preuve scientifique n'a pu être apportée de la nocivité intrinsèque de la religion musulmane, ni de la menace qu'elle pourrait représenter pour la France, ou l'Occident, si souvent cités. À la fin de son texte, elle s'insurge contre une inadéquation entre islam et liberté d'expression, estimant que les accusations d'islamophobie et d'incitation à la haine n'étaient que des manœuvres destinées à censurer. Ses références maladroites font allusions à Robert Redeker, ou encore à l'affaire des caricatures danoises, des cas où l'islam a été systématiquement associé à la violence. Encore plus étonnant, est le fait que de telles idées ne trouvent pas échos dans un site ou une publication d'Extrême droite, mais dans les colonnes d'un journal tel que Le Monde.