Le récent déplacement d'une «délégation de jeunes marocains» en Israël a suscité une vive polémique au Maroc. En effet, cette visite intervient dans un contexte où la bande de Gaza et la Cisjordanie sont quotidiennement ciblées par les exactions et offensives de l'armée d'occupation. Au plus fort des offensives israéliennes sur la bande de Gaza, une délégation marocaine s'est rendue en Israël pour rencontrer un certain nombre de responsables. Ils ont été reçus notamment par le président de la Knesset Amir Yohanna, ainsi que Meir Ben-Shabbat, à la tête de l'Institut Misgav pour la sécurité nationale et la stratégie sioniste, ancien conseiller israélien à la sécurité. Sur les réseaux sociaux, l'institut a écrit en effet qu'une délégation du Maroc arrivait «cette semaine à l'Institut Mishgav pour la sécurité nationale». La représentation reçue est composée de «d'influence, d'universitaires et de militants associatifs, venus en Israël dans le cadre de l'Association Charaka, qui œuvre au renforcement de la paix entre Israël et les pays signataires des accords d'Abraham». Il a ajouté que «l'avenir de la normalisation a été discuté à la lumière de la guerre en cours à Gaza et de la nécessité de poursuivre celle-ci, jusqu'à ce que ses objectifs soient atteints». Selon la même source, les membres de la délégation «ont exprimé leur grand soutien à Israël contre le Hamas, et ont été grandement influencés par l'éloquent discours en dialecte marocain fluide, prononcé par le président de l'institut». משלחת ממרוקו הגיעה השבוע למכון משגב לביטחון לאומי! ???? משלחת של מנהיגים צעירים ממרוקו, משפיענים, אקדמאים ופעילים חברתיים, שהגיעו לישראל במסגרת ארגון שראכה, הפועל לקידום השלום החם בין ישראל ומדינות הסכמי אברהם, התקבלה במכון משגב במרוקאית שוטפת על ידי ראש המכון, מאיר בן שבת. הם… pic.twitter.com/S1EkBRbUFE — מכון משגב (@MisgavINS) July 9, 2024 Selon l'institut sioniste, son président originaire du Maroc a laissé «une impression mémorable en s'adressant à la délégation en arabe marocain». «Ensemble, nous avons discuté de l'actualité et de l'importance des initiatives conjointes entre arabes et juifs, afin de renforcer la compréhension et de faire face à l'extrémisme», a ajouté la même source. «La réponse des jeunes leaders marocains a été très positive, reflétant un espoir et un enthousiasme partagés pour l'avenir. L'enthousiasme mutuel a mis en évidence les liens culturels profonds entre Israël et le Maroc, qui peuvent constituer une base pour le renforcement de la paix entre les deux peuples dans l'esprit des Accords d'Abraham», a-t-il souligné. Une marée de critiques Cette visite a suscité de vives critiques sur les réseaux sociaux, d'autant qu'elle intervient dans le contexte des actes qualifiés de génocidaires, en cours sur la bande de Gaza, avec près de 40 000 tués, dont une majorité de femmes et d'enfants. En 277 jours, le bilan réel reste largement plus élevé, au vu du nombre de disparus ou ceux encore sous les décombres. Dans un contexte de siège total et de famine sans précédent, les enfants et les personnes âgées sont de plus en plus nombreux aussi à être laissés pour morts, faute de denrées alimentaires. Dans ce contexte, l'Observatoire marocain contre la normalisation a indiqué que la délégation était «dirigée par Fayçal Marjani Smires et Youssef Azhari parmi une délégation de près de 23 jeunes sélectionnés pour travailler avec les sionistes, afin de promouvoir le récit sioniste concernant les événements de 7 octobre, au service de la propagande des renseignements sionistes dans les milieux marocains». L'instance a ajouté qu'une visite avait été organisée pour la délégation «dans les tunnels situés sous la mosquée Al-Aqsa», pour ce qui serait «un lavage de cerveau afin devenir sioniste, que l'on soit juif ou non» L'association Charaka a précédemment condamné l'opération du Hamas contre les colonies israéliennes proches de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. Dans un communiqué, l'ONG a qualifié le mouvement de résistance palestinien de «terroriste» et de «nazi». Elle a pointé celui-ci pour avoir, selon elle, «utilisé les écoles, les hôpitaux et les quartiers résidentiels comme bases terroristes», faisant de la population civile «un bouclier humain pour les protéger leurs dirigeants retranchés dans les tunnels». Certains membres de la délégation se sont déjà rendus en Israël, en avril dernier, dans le cadre d'un programme «visant à promouvoir la tolérance en faisant connaître l'Holocauste dans le monde arabo-musulman». Pendant ce temps, Israël poursuit sa guerre dévastatrice contre les Palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, depuis octobre dernier. Elle rejette les appels de la communauté internationale à un cessez-le-feu immédiat et à autoriser l'entrée de l'aide humanitaire suffisante pour le peuple palestinien. Par cette démarche, Tel-Aviv refuse de se conformer aux avis de la Cour internationale de justice (CIJ), qui a ordonné notamment la fin des attaques sur Rafah, dans le sud de la bande, où des centaines de milliers de Palestiniens sont déplacées.