Presque trois semaines après le déclenchement de l'opération militaire française au Mali, le PJD de Benkirane ne s'est pas encore prononcé là-dessus. C'est sa matrice, le MUR, Mouvement unicité et réformes, qui a pris la parole à sa place. A l'exception de condamner l'intervention militaire de la France au Mali, les islamistes marocains tiennent à montrer leur opposition avec les groupes terroristes qui contrôlent une grande partie du territoire malien. Même les salafistes, qui pourtant partagent certains objectifs d'Ansar Eddine ou du MUJAO, gardent une distance avec les représentations d'Al Qaida au Sahel. Sur ce dossier, tous les courants islamistes marocains ont quasiment donné leur avis à l'exception du PJD. Le MUR répond à la place du PJD Le parti qui dirige le gouvernement a opté pour le silence. En revanche, il a laissé la possibilité au bureau exécutif du Mouvement unicité et réformes, sa matrice, d'exprimer sa position. Le MUR, et avec un extrême doigté afin de ne pas embrasser ses "frères" au gouvernement a tenté de ménager la chèvre et le chou. D'un côté, le Mouvement se contente de «refuser», et non de contester ou dénoncer, le déploiement militaire français au Mali. Et de l'autre, le MUR de Mohamed Hamdaoui dit s'opposer, également, aux «groupes armés à cause de leurs tendances à l'extrémisme, la radicalisation, le séparatisme et du recours aux armes». Et de considérer que cette ligne politique «conduit les pays aux guerres civiles et justifie les interventions étrangères». Le salafiste Maghraoui, également contre l'intervention Mohamed Maghraoui qui préside l'Association Addawa au Coran et à la Sunna s'oppose également à la guerre au Mali. Le salafiste ne cache pas sa sympathie pour les antennes d'Al Qaida au Sahel, il salue même «leur défense» des valeurs de l'islam. Sachant qu'il ne peut dépasser ce stade, Maghraoui, dans un communiqué, conseille aux chefs d'Ansar Eddine et du MUJAO de «privilégier la voie de la sagesse». «Le musulman ne doit pas être à l'origine de la Fitna et le désastre entre ses frères», souligne-t-il. Mohamed Maghraoui est connu au Maroc pour avoir émis une fatwa autorisant, en 2009, le mariage des filles de neuf ans. Après un exil doré en Arabie saoudite, il rentre au Maroc, au printemps 2011, en plein débat sur le projet de la réforme de la constitution. Depuis, l'interdiction qui frappait son association a été levée. Politiquement, il est très proche du PJD.