En Espagne, les partis de droite et d'extrême droite tournent le dos au Polisario. Contrairement à sa mobilisation sans relâche dans les deux Chambres du Parlement à condamner le soutien du chef du gouvernement, Pedro Sanchez, à la position marocaine sur le Sahara, le Parti populaire a fait l'impasse de cette question dans son programme pour les élections européennes du 9 juin. Un silence intriguant alors que la formation, que préside Alberto Núñez Feijóo, a érigé la défense des positions du Polisario en priorité. Depuis mars 2022, le PP ne cesse de présenter des projets de résolutions dans les deux Chambres du Parlement, dénonçant le soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara occidental. Son dernier acte, dans ce sens, remonte au 24 mai. Le texte, non-contraignant, proposé aux députés a été adopté par 216 voix (PP, Vox, Sumar, ERC, Bildu, PNV, Podemos et BNG) contre 120 du PSOE et 7 abstentions des indépendantistes catalans de Junts (Ensemble). Vox a égalemment oublié le Polisario dans son programme électoral, alors que son président Santiago Abascal ne cesse d'appeler depuis la tribune de la Chambre des représentants à un retour au «consensus rompu par Pedro Sanchez» sur le dossier du Sahara. Pour rappel, la majorité des eurodéputés des formations d'extrême droite, qui appartiennent à la même matrice que Vox, défend le Maroc au Parlement européen au même titre que les socialistes espagnols. Le PSOE a cité le différend régional dans son programme pour les élections du 9 juin. «Sur la question du Sahara occidental, nous favoriserons des actions de l'UE visant à soutenir l'envoyé personnel du secrétaire général de Nations Unies et visant à parvenir à une solution dans le cadre des Nations unies. Nous favoriserons également l'aide humanitaire de l'Union européenne à la population sahraouie dans les camps» de Tindouf en Algérie, ont promis les camardes de Pedro Sanchez. Fidèles à la ligne suivie par leur chef, les socialistes ont passé sous silence toute référence «à l'autodétermination du peuple sahraouie» et à la solution du «referendum». Si le PP et Vox ont manifestement déçu le Polisario, le mouvement séparatiste peut se consoler de l'engagement de Sumar à défendre ses positions au Parlement européen. La coalition de petites formations d'extrême gauche a promis «d'envoyer une mission au Sahara occidental» pour s'enquérir de la situation des droits humains, et d'«œuvrer pour que l'Union européenne reconnaisse le Front Polisario comme interlocuteur légitime sur les affaires qui se rapportent au Sahara». Les enquêtes d'opinion accordent à Sumar entre 5 et 7% des intentions de vote au scrutin du 9 juin, soit la 4e place derrière Vox, PSOE et PP.