Tête pensante de la mafia marocaine aux Pays-Bas (Mocro Maffia), Ridouan Taghi a été condamné, ce mardi, à la perpétuité dans le cadre du procès Marengo. Son bras droit, Saïd Razzouki, a écopé également de la prison à vie. Trois proches du témoin clé ont été tués durant la procédure, d'autant que le chef notoire a longtemps continué à diriger son organisation depuis la prison. Le procès Marengo s'est clôt ce mardi au tribunal d'Amsterdam, qui a condamné à la perpétuité Ridouan Taghi, chef notoire de la Mocro Maffia, la mafia marocaine qui représente l'un des plus larges réseaux de trafic de cocaïne aux Pays-Bas. Son homme de main, Saïd Razzouki, ainsi que Mario R., membre de la même organisation, ont également été écopé de la prison à vie. Trois autres mis en cause, contre lesquels la même sentence a été requise, s'en sont sortis respectivement avec 29, 27 et 15 ans de prison ferme. 11 autres ont écopé de peines allant de 21 mois à 23 ans de prison. En 142 jours d'audiences, ce dossier aura concerné un total de 17 accusés et 6 meurtres, 4 tentatives d'homicide, ainsi que 100 000 pages de documents. Son chapitre central s'est ouvert en 2020, après l'extradition de Taghi depuis Dubaï, où il a passé plusieurs années de cavale. La justice néerlandaise a qualifié l'organisation criminelle de «machine à tuer bien huilée». Pour des raisons de sécurité, le nom du juge n'a pas été dévoilé, tandis que le procès s'est tenu dans l'un des trois tribunaux ultra-sécurisés du pays, appelé le Bunker d'Amsterdam. Celui-ci est réservé aux dossier «les plus sensibles liés au trafic de drogue et qui présentent un risque d'attaque ou d'évasion». Certains avocats font d'ailleurs l'objet d'une protection policière. Ridouan Taghi a été condamné à la perpétuité, principalement par le fait qu'il pourrait commettre de nouveaux meurtres ou «exercer des représailles» en cas de remise en liberté, a indiqué le magistrat principal. Depuis le début du procès Marengo, trois autres meurtres ont été commis. Achraf B. a ainsi été condamné à 29 ans de prison, tandis que Mohamed R. a écopé de 27 ans et Mao R. de 15 ans. Nabil B. a quant à lui été condamné à 10 ans de prison. Ces homicides ont concerné son frère, son avocat et sa confidente, après qu'il a été qualifié de témoin-clé, rapporte NOS. Ce procès a été marqué aussi par la mise à l'écart d'Inez Weski, l'ancienne avocate de Taghi, soupçonnée d'avoir servi d'intermédiaire à son client avec le monde extérieur, lors de son incarcération en isolement dans une prison hautement sécurisée, au lendemain de son extradition depuis Dubaï. C'est par ce biais que le chef de mafia a continué à gérer l'organisation. Instigateur du meurtre du café la Crème à Marrakech L'été dernier, la détention préventive de Me Weski a été levée, mais la pénaliste a continué à être suspectée de violation du secret professionnel et de participation aux activités d'une organisation criminelle, impliquée dans le trafic international de drogue et de blanchiment d'argent. La justice lui reproche notamment ses liens présumés entre son client et la mafia italienne Camorra, en la personne du patron Raffaele Imperiale, arrêté également à Dubaï en 2021. A la suite de sa première arrestation et des révélations sur son rôle central d'intermédiation avec Ridouan Taghi, Me Weski a cessé d'assurer la défense de son client. Outre les meurtres commis aux Pays-Bas, l'homme a été recherché en vertu d'un mandat d'arrêt international émis par Amsterdam, dans le cadre de la fusillade du Café la Crème, survenue à Marrakech en 2017. Saïd Razzouki a été arrêté en février 2020 en Colombie. Jaouad F., cousin de Ridouan Taghi, a été condamné au Maroc à six ans de prison ferme, pour «participation à une organisation criminelle liée au trafic de drogue». Interpellé à Tétouan en octobre 2021, il est aussi un confident et un bras droit du baron au sein de la Mocro Maffia. Il est aussi impliqué dans la fusillade du café La Crème. Surnommé «Bolle», il a été identifié pour son rôle notoire dans le conflit entre Ridouan Taghi et Mustapha F., dit «Amotor», poursuivi par le Maroc pour blanchiment d'argent. Ce dernier aurait a été confondu par les deux exécutants de la fusillade avec un étudiant en médecine, fils d'un juge marocain de haut rang, qui avait repris la place du trafiquant au café La Crème juste avant l'opération d'élimination. Dans le cadre cette affaire, la justice marocaine a condamné à mort les Néerlandais Edwin Gabriel Robles Martínez, d'origine dominicaine, et Shardyone Girigorio Semerel, d'origine surinamienne.