Comme nous l'avons annoncé précédemment, Al Adl wal Ihassane optera pour les urnes afin d'élire son premier responsable. Depuis, dimanche, c'est désormais chose faite. Il s'agit de Mohamed Abbadi, secondé par Fathallah Arsalane. Une répartition des rôles entre les prédicateurs et les politiques. Le nouvel organigramme de la Jamaâ n'offre aucune place ni à Nadia Yassine ni à son mari, Abdellah Chibani. Le «parlement» du mouvement Al Adl wal Ihassane a tenu, les 21,22 et 23 décembre à Salé, une session extraordinaire consacrée à l'élection du successeur de Abdeslam Yassine, décédé il y a douze jours. L'issue du vote a donné lieu à l'émergence d'une direction bicéphale pour un mandat de cinq ans renouvelable : Mohamed Abbabi est aux commandes, il porte désormais le titre de secrétaire général de la Jamaâ, et non celui de «guide général», chasse gardée de Yassine, et Fathallah Arsalane, le porte-parole de l'association, est promu adjoint du SG. Fusion entre le prédicateur et le politique Cette répartition des rôles résulte d'un compromis savant entre les deux principales forces qui se disputent le leadership au sein de l'association : le conseil de guidance, Abbadi en est, d'ailleurs, le principal représentant, et Arsalane qui chapeaute, depuis bien des années, le cercle politique. Cette élection des deux hommes attestent, si besoin est, de la volonté des fidèles de Yassine de fusionner les ailes prédicateur et politique en une seule instance. Une tactique qui pourrait éviter à Al Adl wal Ihassane de tomber dans les travers des scissions. En vue d'éviter une telle issue, la Jamaâ se dotera d'une loi organique réglementant le processus de l'élection du premier responsable et des autres instances. Un cadre juridique pour préserver l'unité de la Jamaâ. Quelles places pour Nadia Yassine et son mari ? Officiellement, la fille du «guide général», n'a aucun titre. Quelques mois avant le décès de son père, elle démissionnait de la présidence de la section féminine de l'association. Son site internet est inaccessible depuis des mois. Présentée en Europe comme l'égérie de l'islamisme au Maroc, Nadia Yassine devra composer avec le nouveau rapport de force qui est en train de s'établir au sein de l'association créée par son père au milieu des années soixante-dix. Si elle compte jouer un rôle dans la Jamaâ après Yassine, elle devra le faire à travers son mari, Abdellah Chibani. Ce dernier est membre du secrétariat général du Cercle politique.