Après un congrès longtemps espéré, l'Union Socialiste des Forces Populaires s'est donné un nouveau patron en la personne de Driss LACHGAR, choisi par 848 congressistes alors que 650 optaient pour Ahmed ZAYDI. Il faut rappeler que cette élection s'est déroulée, pour la première fois dans l'histoire du parti, en deux tours qui ont vu l'élimination lors du premier tour de Habib Malki et Fath Allah Oulalou, après le retrait prématuré de Mohamed Talbi. Cette élection a provoqué une réaction pour le moins bizarre de Ahmed ZAYDI qui s'est contenté d'un bref et sec : "BI DOUNI TA3LI9″ quand les journalistes voulaient recueillir ses impressions. A la télévision, il avait le visage sombre et le regard furieux! Cela n'annonce rien de bon pour la suite! Mais on verra bien! Moins de deux heures après la proclamation des résultats, une information circulait sur les réseaux sociaux : Ali BOUABID aurait annoncé qu'il quittait l'U.S.F.P. Les réactions sur twitter sont par ailleurs assez virulentes et montrent la déception d'un grand nombre de militants et de sympathisants face au choix des congressistes! Ces réactions sont normales car Driss LACHGAR, bête politique rodée aux magouilles et aux "combinaziones" politiciennes qui ont déchiré l'U.S.F.P. depuis la disparition de son leader historique Abderrahim BOUABID, n'est pas l'exemple de la fidélité dans les convictions ni l"exemple de la continuité dans la vision. Sans entrer dans les arcanes du fonctionnement interne de l'U.S.F.P. et dans le jeu des alliances au sein de ses instances dirigeantes, où le rôle du nouveau secrétaire est grand, deux éléments peuvent permettre de cadrer le personnage. Rappelons à cet égard une de ses déclarations en 1993 où il affirmait que "en dépit des méandres politiques et des tensions des années de Plomb, la situation au Maroc n'était pas aussi sombre que l'on aurait pu imaginer" . Si l'on pense aux victimes des "années de plomb" dont beaucoup appartenaient au camp de Driss Lachgar, ces mots ont de quoi choquer! L'entrée de Driss Lachgar au gouvernement en 2010 vient en contrecourant de ses propres déclarations : "Je n'ai jamais postulé pour un quelconque portefeuille ministériel que ce soit"! Pourtant, il a vite fait d'en trouver la justification dans les conclusions d'un 8ème confrès des plus controversés. La versatilité de Driss Lachgar s'est encore manifesté lors de la récente campagne interne, où il a dénigré sans retenue l'ancienne direction à laquelle il n'était pourtant pas étranger : il a mis en avant les erreurs de son parti, à la direction duquel il participait; il a regrettait sa propre participation au gouvernement, comme si l'on pouvait être ministre " à l'insu de son plein gré: il a remis en question la faiblesse de la résistance des siens à la poussée islamiste lors de la rédaction de la constitution de 2011. Dans sa première déclaration à la presse en tant que nouveau premier secrétaire de l'U.S.F.P., Driss Lachgar n'a pas dérogé à son style habituel en parlant de "gestion collégiale du parti", en instant sur "le besoin du parti en toutes ses composantes et compétences" et en insistant sur "la seule approche à même de permettre au parti de recouvrer son rayonnement et de consolider le projet démocratique, socialiste et moderniste qu'il porte". Langue de bois? Phraséologie politicienne destinée à amadouer ses nombreux adversaires? Il ne faut pas oublier que Driss Lachgar est un redoutable tribun, qui a fourbi ses armes sur les estrades des meetings et sur les prétoires des tribunaux. Il sait parler, certes! Il sait convaincre, parfois! Mais saurait-il agir pour re-donner à l'Union Socialiste des Forces Populaires son aura d'antan, à une époque où le socialisme n'est plus la panacée ni la solution-miracle et où les forces populaires sont plus attirées vers d'autres horizons teintés de vert! Tache difficile, ardue! Driss Lachgar saura-t-il user de sa capacité d'adaptation pour réaliser l'impossible? Visiter le site de l'auteur: http://www.citoyenhmida.org/