A mesure que la guerre à Gaza s'enfonce dans l'horreur, les revendications du PJD et de son secrétaire général vont crescendo. La dernière en date, signée par Abdelilah Benkirane, rappelle une précédente incursion dans un domaine sous prérogative royale. A l'occasion d'une conférence de presse, organisée jeudi 9 novembre pour présenter les observations de son parti sur le PLF 2024, le secrétaire général du PJD a appelé à la rupture des relations avec Israël. «Il est temps de mettre fin à cette histoire de la normalisation du Maroc avec l'horrible entité criminelle», a affirmé Abdelilah Benkirane dans son allocution. Le chef du PJD s'est montré déçu de la faible mobilisation populaire pour condamner la guerre israélienne à Gaza. «Les masses ne se sont pas suffisamment manifestées, y compris au Maroc, et les dirigeants n'ont pas rempli leur devoir de soutenir» les Palestiniens. Cet appel à rompre les relations avec Israël n'est pas la première revendication portée par le parti de la Lampe, depuis le déclenchement, le 7 octobre, des hostilités entre le mouvement palestinien Hamas et l'armée israélienne. Pour mémoire, le PJD avait réclamé, le 11 octobre, aux autorités marocaines d'«expulser» le chef du bureau de liaison israélien à Rabat, David Govrin, et le «déclarer persona non grata». Presque deux semaines après cette demande, le président du groupement des députés du PJD, Abdellah Bouanou, a souhaité, lors de l'examen du PLF 2024 à la Commission des Finances à la Chambre des représentants, que «le Maroc prenne une initiative pour mettre fin à l'agression israélienne». Et d'enchainer en rappelant l'épisode de la fermeture du bureau de liaison israélien, le 23 octobre 2000, décidée alors dans un contexte marqué par «l'échec du processus de paix suite aux actes inhumains commis par les forces israéliennes». La seconde Intifada avait en effet mis un terme aux relations diplomatiques israélo-marocaines, établies officiellement en 1996. Quand le cabinet royal condamnait une incursion du PJD dans une compétence royale Pour rappel, dans un communiqué publié le 13 mars, le cabinet royal avait dénoncé les incursions du PJD dans la politique étrangère du Maroc. Le 4 mars, les «frères» de Benkirane n'avaient pas apprécié que le ministre des Affaires étrangères «défende l'entité sioniste dans certaines réunions africaines et européennes, à un moment où l'occupation israélienne poursuit son agression criminelle». Le cabinet royal avait alors réitéré que «la politique extérieure du Royaume est une prérogative du roi». Il avait souligné que «l'instrumentalisation de la politique extérieure du Royaume dans un agenda partisan interne constitue ainsi un précédent dangereux et inacceptable». Et de préciser que «la reprise des relations entre le Maroc et Israël a été effectuée dans des circonstances et dans un contexte que tout le monde connait. Elle est encadrée par le communiqué du Cabinet Royal du 10 décembre 2020 et celui publié le même jour à la suite de la communication téléphonique entre Sa Majesté Le Roi et le Président palestinien, ainsi que par la Déclaration Tripartite du 22 décembre 2020, signée devant le Souverain». Une déclaration tripartite défendue, à l'époque, par Abdelilah Benkirane. «Le n°2 de l'Etat (l'ancien chef de l'exécutif Saad-Eddine El Othmani, ndlr) ne peut être contre le n°1. Nous n'abandonnons pas notre pays dans ces circonstances. Il n'y a pas un Marocain qui ne serait pas avec la reconnaissance de la marocanité du Sahara», avait-il affirmé dans un message diffusé le 22 décembre 2020 sur les réseaux sociaux.