Human Rights Watch (HRW) reproché à la Fédération internationale de football association (FIFA) d'avoir «bafoué ses propres règles en matière de droits humains», dans son approche concernant l'organisation des deux prochaines Coupes du monde de football masculin. Dans une note d'information, l'ONG internationale a pointé, ce mardi, une démarche qui «élimine le devoir de diligence concernant la procédure des candidatures et les droits humains». «Le 4 octobre, la FIFA a annoncé que la Coupe du monde 2030 aurait lieu au Maroc, au Portugal et en Espagne, avec des rencontres également en Uruguay, en Argentine et au Paraguay. Or, chacun de ces pays commet de graves violations des droits humains», affirme HRW, rappelant la polémique ayant précipité le départ de Luis Rubiales de la fédération espagnole, après avoir embrassé sans son consentement la footballeuse Jennifer Hermoso. «Un an à peine après la catastrophe pour les droits humains que représentait la Coupe du monde 2022 au Qatar, la FIFA n'a toujours pas retenu la leçon qu'attribuer à des pays le droit d'accueillir des événements de plusieurs milliards de dollars, sans accomplir un devoir de diligence de manière transparente, risque d'engendrer de la corruption et de graves atteintes aux droits humains», a déclaré Minky Worden, directrice des initiatives mondiales à HRW. «La possibilité que la FIFA puisse attribuer la Coupe du monde 2034 à l'Arabie saoudite, en dépit de son bilan désastreux concernant les droits humains et de son refus de permettre une surveillance de ces droits, montre que les engagements proclamés de la FIFA vis-à-vis des droits humains ne sont que de belles paroles», ajoute-t-on. HRW ajoute que la politique en matière de droits humains de la FIFA, adoptée en 2017, «expose la responsabilité qui lui incombe d'identifier et de résoudre les impacts problématiques de ses activités sur les droits humains, notamment en adoptant des mesures qui préviennent et atténuent les atteintes aux droits humains». L'article 7 de la politique en matière de droits humains prévoit que «la FIFA s'engagera de façon constructive auprès des autorités concernées et d'autres parties prenantes et s'efforcera par tous les moyens d'être à la hauteur de ses responsabilités internationales en matière de droits humains». HRW rappelle, par ailleurs que dans son introduction des principes clés du processus réformé de candidature, le président de la FIFA, Gianni Infantino, écrit : «Quel que soit le pays qui accueillera la Coupe du monde de la FIFA, il doit [...] s'engager à mener ses activités en se fondant sur des principes de gestion durable des événements et en respectant les normes internationales relatives aux droits humains et aux droits des travailleurs tels que définis dans les Principes directeurs des Nations unies.» Selon HRW, «à ce jour, la FIFA n'a toujours pas appliqué ces principes pour attribuer les Coupes du monde 2030 et 2034». La même source estime que «la dernière fois que deux Coupes du monde successives avaient été attribuées en parallèle, c'est la Russie et le Qatar, deux gouvernements portant gravement atteinte aux droits humains, qui ont été choisis comme pays d'accueil, à travers un processus entaché de corruption et d'arrestations de hauts responsables de la FIFA». Dans ce sens, HRW pointe qu'en saluant la candidature saoudienne pour l'accueil de la Coupe du monde 2034, «la FIFA n'a rien dit de la façon dont elle se proposait d'évaluer la situation des droits humains».