Le Polisario est préoccupé par les conséquences des tirs de projectiles contre des quartiers résidentiels à Es-Smara. Son secrétariat général a tenu une réunion urgente, ce dimanche soir, pour évaluer la situation. La menace d'une classification comme organisation terroriste pèse de plus en plus lourd désormais. Le Polisario a reconnu, dimanche 29 octobre, avoir attaqué des positions tenues par les Forces armées royales (FAR) à Es-Smara. Une annonce faite, quelques heures après que le procureur général du roi près de la cour d'appel de Laayoune ait chargé la police judiciaire d'ouvrir une enquête sur l'origine «des projectiles ayant visé des quartiers dans la ville d'Es-Smara». Le communiqué du «ministère de la Défense» du Front, portant le n°901, a passé sous silence le lancement de roquettes sur des domiciles de civils sahraouis. En effet, une revendication officielle de la part du Polisario apporterait de l'eau au moulin du Maroc qui œuvre depuis des années à convaincre les autres pays à classer le mouvement séparatiste comme organisation terroriste. Les responsables marocains avaient par exemple pointé à maintes reprises depuis la tribune des Nations unies, les liens entre le Front et des groupes terroristes opérants dans la région du Sahel. Le SG du Polisario tient une réunion d'urgence Dans le camp Rabouni, le siège administratif du Polisario, l'heure est à l'inquiétude. «Le secrétariat général du Front, sous la présidence de Brahim Ghali, a tenu, dimanche soir, une réunion urgente pour examiner les conséquences de la situation, suite aux tirs de projectiles» contre Es-Smara, indique dans des déclarations à Yabiladi une source proche du dossier. «Le Front est dans une réelle impasse. Cibler des civils pourrait encourager certains pays à inscrire le Polisario sur leurs listes des organisations terroristes. Le Polisario redoute les conséquences de telles décisions, notamment les ouvertures de procès dans des tribunaux étrangers contre ses dirigeants pour activités terroristes», explique pour sa part à Yabiladi Bahi Larbi Ennass, un ancien haut officier dans les rangs de l'armée du Polisario de 1982 à 1992, et président du «Centre de paix, des études politiques et stratégiques», basé à Laâyoune. «Ces tirs de roquettes pourraient être aussi l'œuvre de "loups solitaires". Un élément à prendre très au sérieux dans le contexte de l'anarchie et le chaos sécuritaire dans les camps de Tindouf», affirme la même source. Et de rappeler que le blocage en automne 2020 du passage d'El Guerguerate était organisé par des éléments extrémistes contre l'avis de la direction du Polisario. Parallèlement à ces développements, une entité proche du Front, appelée «Mouvement armé des fils de martyrs», est entrée en scène pour proférer des menaces, dans une vidéo, parvenue dimanche à notre rédaction, à l'encontre des Forces armées royales (FAR). L'auteur de la séquence, visage cagoulé et portant des gants, annonce «la préparation d'une série d'attaques contre «l'armée d'occupation» stationnée tout au long du Mur des Sables. Il a dressé aussi des menaces contre les «Sahraouis engagés» dans les rangs des FAR. L'auteur de la vidéo a été vite identifié par des Sahraouis dans des messages sur les réseaux sociaux. Il s'agit de Daddah Mohamed Ould Zaine, de la tribu des Oulad Dlim. C'est une famille très connue dans les camps de Tindouf. C'est un radical qui avait organisé le blocage du passage d'El Guerguerate en octobre 2020. L'apparition de cette vidéo permet au Polisario de tenter d'évacuer sa responsabilité en présentant à la communauté internationale un bouc émissaire qui s'attribut la commission des tirs de projectifs contre des civils à Es-Smara.