Les tirs de roquettes du Polisario vont-ils continuer à la frontière marocco-mauritanienne ? La sécurisation des frontières mauritaniennes en coordination avec le Maroc est essentiel. Après le court épisode de tension, le calme est revenu à El Guerguerate. «Aujourd'hui à la frontière entre le Maroc et la Mauritanie, la circulation est fluide» témoigne ce mardi Mohamed Cheikh Lamine, directeur de publication du site Anbaa. «Les tirs de roquettes de la soirée du samedi n'ont eu aucun impact sur l'approvisionnement du marché local en légumes et fruits en provenance du royaume. Rien à avoir avec le blocage du passage d'El Guerguerate, entre octobre et novembre», précise-t-il. Néanmoins, il reconnait que l'heure est à la vigilance et la prudence : «La Mauritanie n'est pas en mesure de stopper les infiltrations du Front sur son territoire». Ce passage libre s'explique par des considérations historiques : «les facilités accordées sous la présidence de Mohamed Khouan Ould Haidallah (1980-1984) permettant aux véhicules civils du Polisario d'entrer en Mauritanie sans payer de droits de douanes, favorisent ces pénétrations sous couvert d'activités commerciales». Autre point faible, l'effectif et l'expérience de l'armée mauritanienne qui ne lui permet pas d'assurer la sécurité de ses longues frontières, explique notre interlocuteur. En 2016, un groupe terroriste avait même enlevé des otages européens à l'intérieur de la Mauritanie et a réussi à franchir tout le pays jusqu'au Mali sans être inquiétés. Compte tenu de ses éléments, Mohamed Cheikh Lamine n'exclut pas de nouvelles opérations du Polisario tout au long de la frontière maroco-mauritanienne, cela contribuerait à alimenter sa machine de propagande lancée depuis le 13 novembre. «Les communiqués ne suffissent plus. Il faut donner à la population du concret et des héros auxquels elle peut s'identifier.» Mohamed Cheikh Lamine Coordination militaire pour sécuriser les frontières Bahi Larbi Ennass, un ancien haut officier dans les rangs du Polisario de 1982 à 1992, apporte un autre son de cloche. Il ne croit pas à un remake de l'opération du 23 janvier. «C'est la première fois depuis sa création en 1973 que le Front annonce dans un communiqué officiel le nombre de roquettes tirés (quatre ou cinq) contre une position contrôlée par les Forces armées royales ; un nombre faible pour ne pas dire ridicule», déclare Bahi Larbi Ennass à Yabiladi. «Par cette opération, le Polisario a sérieusement embarrassé le gouvernement mauritanien. Le Front n'a pas intérêt à davantage exacerber la colère qui couve à Nouakchott.» Bahi Larbi Ennass Quelle que soit la stratégie du Polisario, les deux pays voisins devraient intensifier la coordination entre leurs armées pour sécuriser la zone où s'activent les milices du Polisario et les groupes terroristes ou de crime organisés. Pour mémoire, Nouakchott a accueilli le 21 décembre la deuxième réunion de la commission militaire mixte maroco-mauritanienne. «Une rencontre qui a pour objectif le renforcement des relations de la coopération militaire maroco-mauritanienne dans les divers domaines militaires et sécuritaires, ainsi que les perspectives de développement de cette coopération», indiquait l'agence de presse AMI.