Le Maroc travaille à retrouver une cote de crédit de qualité investissement auprès de Standard & Poor's Global Ratings, s'engageant à contrôler son déficit budgétaire malgré de nouvelles dépenses massives engagées à la suite du tremblement de terre du 8 septembre et à la co-organisation du Mondial 2030 de football. A cet effet, le pays vise la «rigueur budgétaire» dont il a fait preuve avant la crise financière mondiale de 2008. Il a aussi tenu des entretiens avec S&P, à la suite du séisme de septembre, a déclaré la ministre de l'Economie et des finances Nadia Fettah Alaoui, citée par Bloomberg. «Nous avons les moyens de réaliser nos ambitions et les programmes qui sont sur la table», a-t-elle assuré, en marge des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, tenues en ce moment à Marrakech. Le Maroc a connu une baisse des coûts d'emprunt malgré les abaissements à BB+ par S&P et Fitch Ratings, après que la pandémie de Covid a eu de lourdes conséquences sur l'économie du pays, dont une importante partie repose sur le tourisme. Malgré les récents efforts, «la perception du risque par les agences de notation en Afrique et dans des pays comme le nôtre est pénalisante pour tout le monde», a souligné Nadia Fettah, exprimant une critique souvent formulée par les pays en développement. Dans ce sens, la ministre a exhorté la communauté internationale à soutenir les pays africains sur la question de l'examen minutieux de la notation de crédit. Selon Bloomberg, le gouvernement marocain «s'en tiendra au plan budgétaire triennal annoncé avant le séisme», pour réduire les déficits budgétaires et «stabiliser la dette publique à environ 70% du produit intérieur brut». Une grande partie du financement de la reconstruction post-séisme proviendra d'allocations budgétaires aux six provinces touchées, le gouvernement prévoyant d'augmenter les recettes, notamment en luttant contre l'évasion fiscale, pour «compléter le financement», a encore déclaré la ministre. Et d'ajouter que les autorités cherchent également à alléger le fardeau des dépenses d'infrastructure, «en élargissant les partenariats avec le secteur privé pour construire des hôpitaux et des stations de dessalement». Dans ce registre, le Fonds d'investissement du roi Mohammed VI prévoit par ailleurs de sélectionner des partenaires privés «d'ici la fin de l'année», dans le dessein de «lever 30 milliards de dirhams pour des projets incluant notamment l'agriculture et le tourisme», a déclaré son président, Mohamed Benchaaboun, à Bloomberg dans un entretien séparé. La même source ajoute que des futurs partenaires, parmi les 46 sociétés de gestion de fonds qui ont soumissionné à un appel d'offres en mai, proposeront aux entreprises marocaines publiques et privées «des options de financement pour stimuler les investissements et développer leurs activités». Le fonds dispose d'un capital libéré de 15 milliards de dirhams (1,5 milliard de dollars) ajoute Bloomberg. A terme, fait savoir Benchaaboun, il s'agira de «mobiliser les 45 milliards de dirhams de capital total pour financer des projets d'une valeur cumulée de 150 milliards de dirhams d'ici cinq ans».