Les autorités monétaires du Maroc s'efforcent de récupérer le précieux «Investment grade» auprès de Standard & Poor's Global Ratings qui avait dégradé la note du Maroc en avril 2021, en pleine crise du Covid. Suivez La Vie éco sur Telegram «Le Maroc pousse retrouver son Investment grade auprès de S&P, s'engageant à contrôler son déficit budgétaire malgré de nouvelles dépenses massives engagées suite à un tremblement de terre meurtrier et à la co-organisation de la Coupe du monde de football 2030», écrit l'agence Bloomberg ce mardi. Le Royaume vise à renouer avec la «rigueur budgétaire dont il faisait preuve avant la crise financière mondiale de 2008» et a tenu des discussions avec S&P à la suite du séisme de septembre, a déclaré la ministre des Finances et de l'Economie Nadia Fettah Alaoui à l'agence de presse américaine. «Nous avons les moyens de réaliser nos ambitions et les programmes qui sont sur la table», a assuré l'argentière du Royaume à Bloomberg en marge des réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Marrakech. La publication financière rappelle que les agences S&P et Fitch Ratings avaient abaissé la notation du Maroc à BB+, après que la pandémie de Covid-19 a frappé l'économie nationale, et en particulier le secteur du tourisme. Malgré cette dégradation, le Maroc a pu, en février dernier, revenir sur les marchés internationaux de la dette pour la première fois depuis la perte de son Investment Grade. Un emprunt en devises réussi, rappelons-le, qui a permis au Trésor de lever 2,5 milliards de dollars, à des conditions de financements avantageuses en comparaison avec les marchés émergents. Nadia Fettah y voyait déjà un «vrai témoignage de la confiance dont jouit le Maroc» auprès d'investisseurs étrangers de premier plan. Bloomberg ne manque pas de noter que le Maroc, qui se présente comme un «îlot de stabilité», est considérée «comme un point positif pour les investisseurs effrayés par l'incertitude ailleurs dans la région». Mais malgré cela, certains a priori ont la vie dure. «La perception du risque par les agences de notation en Afrique et dans des pays comme le nôtre est pénalisante pour tout le monde», a déclaré à ce sujet Fettah Alaoui, exprimant une critique souvent formulée par les pays en développement. Elle a dans ce sens exhorté la communauté internationale à soutenir les pays africains sur la question de l'examen minutieux de la notation de crédit lors des réunions de Marrakech de cette semaine. Des dirigeants, comme le président sénégalais Macky Sall, ont d'ailleurs exigé une refonte du système de notation de crédit, se plaignant des préjugés occidentaux qui maintiennent les coûts d'emprunt injustement élevés. Les ministres des Finances envisagent à ce titre de créer une agence de notation en tant qu'entité indépendante de l'Union africaine. En avril dernier, dans une note consacrée à l'économie marocaine S&P expliquait que le rehaussement de la note de crédit du Royaume est conditionné à l'amélioration des finances publiques. "Nous pourrions relever nos notes sur le Maroc si la consolidation budgétaire s'avère nettement plus rapide que prévu, ce qui se traduirait par une baisse substantielle de la dette nette des administrations publiques par rapport au PIB», avait souligné l'agence. Sur ce point, le gouvernement actuel est particulièrement vigilant. La réduction du déficit budgétaire est même l'une des priorités de la note de cadrage du chef du gouvernement en vue du projet de loi de finances 2024. «Le gouvernement s'en tiendra au plan budgétaire triennal annoncé avant le séisme. Cela vise à réduire les déficits budgétaires et à stabiliser la dette publique à environ 70 pour cent du produit intérieur brut», souligne Bloomberg. Pour rappel, cette programmation budgétaire triennale présentée en juillet dernier prévoit concrètement une diminution du déficit budgétaire à 4% en 2024, 3,5% en 2025 et à 3% en 2026.