Après une longue période d'attente et d'hésitation, le Maroc s'est résolu finalements à partir en quête d'un emprunt obligataire auprès des marchés internationaux. Une décision qui semble mûrement réfléchie par le gouvernement qui a attendu que le coût de la dette baisse pour aller aux marchés financiers. Le montant de la dette dépendra des taux et des conditions de financement. Détails. Le Royaume est décidé à émettre des bons de trésor d'une maturité variant de cinq à 12 ans, précise Bloomberg, qui vient d'annoncer la volonté des autorités marocaines de se financer auprès des marchés financiers. Selon la même source, dès jeudi, une délégation marocaine a d'ores et déjà entamé des réunions dans les places financières des Etats-Unis et du Royaume-Uni avec les investisseurs internationaux. Le Maroc s'apprête à cette nouvelle sortie à l'international dans un contexte de baisse du coût de l'emprunt. En fait, cela fait des mois que le gouvernement observe l'évolution des marchés financiers. L'Exécutif semblait attendre le moment opportun avant de prendre une décision. C'est ce qu'a fait savoir l'Argentière du Royaume Nadia Fettah Alaoui au lendemain de l'annonce du Projet de Loi des Finances. Lors d'une conférence de presse, elle avait fait savoir que toute décision de levée obligataire auprès des marchés fera l'objet d'un examen approfondi, compte tenu des taux élevés en 2022. Cela dit, c'est le coût de la dette qui constituait la principale entrave pour le Royaume. C'est ce qu'avait expliqué le wali de Bank-Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri. Lors d'un point de presse tenu à l'issue de la 3ème réunion du Conseil de BAM de l'année 2022, le patron de BAM avait reconnu que les conditions pour une sortie du Trésor à l'international sont "de plus en plus difficiles" eu égard à la conjoncture. Maintenant, le chemin semble plus accommodant vu que les conditions semblent de plus en plus réunies. Selon Bloomberg, qui cite, Mark Bohlund, analyste principal de la recherche sur le crédit chez REDD Intelligence à Londres, le coût de l'assurance de la dette contre le défaut de paiement a diminué de près de la moitié depuis début novembre pour atteindre environ 160 points de base. L'expert a cité d'autres conditions encourageantes, à savoir l'amélioration des recettes des phosphates qui a eu pour effet de diminuer la pression sur les finances publiques, confrontées à la hausse des dépenses de compensation des effets de l'inflation. À cela s'ajoute le fait que le Royaume s'apprête à de se financer également auprès du Fonds Monétaire international dans le cadre d'une ligne modulable qui offre des conditions plus accommodantes. Une option d'autant plus accommodante que le Royaume vient de sortir de la liste grise du GAFI. Sur ce point, l'analyste de REDD Intelligence a indiqué que « l'optimisme quant à l'obtention d'une ligne de crédit du Fonds monétaire international au Maroc ajoute également à son attrait ». Sur la base de tous ces éléments susmentionnés, Bohlund a conclu en affirmant « l'amélioration globale du profil de crédit du Maroc ». Jusqu'à présent, rien n'indique encore le montant de la dette contractée par le Royaume, le montant dépendra des taux proposés et les conditions de financement dont le coût de l'assurance contre le risque de défaut de paiement. Là aussi, la notation du Royaume par les agences internationales est décisive. L'Agence Moody's a accordé une note souveraine de Ba1 au Royaume tandis que S&P a opté pour BB+. Cela dit, ces notations signifient que bons de trésor du Royaume sont à risque considérable de défaut de paiement. La loi des finances, rappelons-le, permet au gouvernement de financer son déficit par la dette extérieur dans la limite de 60 milliards de dirhams.