Etre handicapé au Maroc, c'est un combat de tous les jours. Un réalisateur marocain, invité au Festival International du Film de Marrakech, en a fait les frais. Alors que la ville de Marrakech fait de plus en plus d'efforts pour améliorer l'accessibilité de ses monuments et de ses rues aux personnes handicapées, circuler en fauteuil roulant reste encore difficile. C'est en fauteuil roulant que le réalisateur marocain Abdesalam Kalai a présenté, hors compétition, son tout dernier film «Malak» au Festival International du film de Marrakech, lundi 3 décembre. «Ca aurait été difficile pour moi de monter les marches du tapis rouge du festival si c'était comme à Cannes !», lance-t-il en riant. Heureusement pour lui, le Festival a lieu au sein du Palais des Congrès de la ville ôcre, un monument plat sans escalier où il a pu se déplacer facilement en chaise roulante pour accéder aux salles de projection des films. En fauteuil roulant ou en béquilles, difficile de circuler Abdesalam Kalai ne vit pas aeternam dans un fauteuil roulant. En revanche, il ne se déplace jamais sans ses béquilles. Très jeune, il a attrapé la poliomyélite qui lui a paralysé à vie le pied gauche. Il y a quelques jours, le réalisateur marocain s'est fait une entorse au pied droit l'obligeant, pour son confort, à se déplacer en fauteuil durant plusieurs semaines. Le journal Aujourd'hui Maroc a publié hier, mercredi 5 décembre, une photo le montrant assis sur un fauteuil roulant poussé par l'acteur marocain Mohamed Bastaoui pour accèder à un trottoir en passant sur une cale en bois. Abdesalam insiste : cette cale ne se situe pas à l'entrée du festival mais à proximité d'un café où les deux hommes souhaitaient se rendre. Cependant, obligé de rester assis dans une chaise roulante, le réalisateur marocain a pu se rendre compte des difficultés que rencontrent les personnes handicapées dans leur quotidien. «Moi ça va, je peux me lever de mon fauteuil roulant et marcher avec des béquilles pour aller dans les cafés ou danser en boîte de nuit», dit-il en riant. «Mais, même marcher avec des béquilles, c'est difficile car il y a des trous partout sur les trottoirs», ajoute-t-il. «C'est sûr, il faut faire plus d'efforts pour améliorer la vie des handicapés au Maroc. Ce n'est pas à nous de nous adapter à la ville mais à la ville de s'adapter à nous», estime-t-il. Le Mac Do de Guéliz, seul restaurant avec des WC pour handicapés De son côté, Carole Boscher, gérante de Handioasis, un hôtel adapté aux handicapés, en périphérie de Marrakech, pense qu'en l'espace de 4 ans, la ville de Marrakech a fait beaucoup de choses pour faciliter la circulation des personnes handicapées, notamment dans certains monuments et lieux touristiques. «Aux Jardins Majorelle par exemple, ils sont en train de mettre des WC pour handicapés ou de mettre des rampes à la Medersa», explique-t-elle. Avec son mari, qui a une société de consulting pour améliorer la vie des handicapés, elle tient une maison d'hôte entièrement aménagée pour les touristes à mobilité réduite ; la première du genre à Marrakech. Au quotidien, il se battent notamment pour sensibiliser les gens qui veulent construire des restaurants ou des cafés : ils ne doivent pas mettre les toilettes à l'étage mais bien au rez de chaussée. «A Marrakech, le seul restaurant où on trouve les toilettes les mieux adaptées aux personnes handicapées est le Mac Donald de Guéliz», déplore-t-elle. «La ville a des budgets destinés à améliorer l'accessibilité des rues de Marrakech mais on ne sait pas comment est géré cet argent», déplore-t-elle. Elle explique qu'aménager une ville comme Marrakech est plus facile car elle est plate. «Et puis contrairement à la France, où les gens peuvent laisser des handicapés longtemps face à un trottoir, au Maroc, il y a peut-être de grands trottoirs mais les gens vont aider les personnes à les surmonter. La population estime beaucoup les handicapés et cela aide beaucoup à avancer», conclut-elle.