Après s'être dirigés vers la Turquie, dans le dessein de traverser du côté européen, deux jeunes issus du Maroc se sont trouvés dans la ville d'Azaz, contrôlée par les forces d'opposition en Syrie. Les autorités turques les y auraient reconduits «par erreur». Après huit mois dans l'impasse, les ressortissants ont bénéficié d'une extradition en vue de leur rapatriement vers le royaume. Les autorités turques ont extradé deux jeunes issus du Maroc, pour leur renvoi à leur pays d'origine, après une expulsion initiale vers le nord-ouest de la Syrie, il y a environ huit mois. La chaîne Syria TV de l'opposition syrienne, soutenue par la Turquie, a rapporté hier qu'Ankara avait remis les deux jeunes hommes au service anti-contrebande de la ville frontalière d'Azaz, fief de la Coalition nationale syrienne opposante au régime d'al-Assad depuis 2012, avant de réaliser plus tard que les deux ressortissants étaient marocains et non pas syriens. Le site d'information Orient News confirme que la Turquie a bien expulsé «par erreur» les deux nationaux Azzedine Erremmach ben Abderrahim, né en 1996, ainsi que Nabil Rochdi ben Ahmed, né en 1993. Citant le chef du département de lutte contre la contrebande et la drogue au point de passage syrien de Bab al-Salama, la même source a souligné que les deux jeunes étaient entrés en Turquie, dans le but de continuer leur traversée vers l'Europe via la Grèce et regagner la zone Schengen de cette manière. Sauf que durant ce périple, les forces de sécurité turques les auraient pris pour des ressortissants syriens. C'est ainsi que Nabil et Azzedine ont été reconduits de l'autre côté de la frontière, «dans le cadre d'une campagne d'expulsion aléatoire ayant concerné des centaines d'autres jeunes» issus de la Syrie. Le responsable a expliqué que lors de leur arrestation, les deux concernés avaient pourtant montré des documents officiels sur leurs téléphones, mais que cela n'avait pas convaincu les agents turcs, qui ont décidé donc de les «renvoyer» vers le pays. Un dénouement par correspondance entre le Maroc, la Turquie et la Syrie Toujours selon le chef du département de lutte contre la contrebande et la drogue à Bab al-Salama, les deux jeunes nationaux auraient «tenté de communiquer avec les autorités officielles au Maroc et en Turquie», mais la représentation diplomatique du royaume à Ankara aurait «bloqué les numéros des jeunes hommes, après leurs communications répétées». Ces derniers ont finalement pu être assistés, après avoir réussi à fournir les originaux de leurs documents d'identité, qui ont été réceptionnés par voie postale à Istanbul depuis leur pays, puis transférés au procureur de la république au tribunal d'Azaz, afin d'enclencher la procédure d'extradition à la demande de Turquie, pour enfin les remettre aux autorités marocaines. L'ambassade du Maroc à Ankara a ainsi pris contact avec les autorités de la ville d'Azaz, pour coordonner un retour au pays d'origine en empruntant le chemin inverse. Dans un incident similaire, en mars 2022, les agents turcs ont précédemment arrêté quatre ressortissants d'Afghanistan et les ont expulsés «par erreur» vers la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Ces derniers mois, les reconductions frontalières se sont intensifiées, les autorités turques prenant des mesures plus strictes concernant la migration, un des sujets à l'ordre du jour de l'agenda gouvernemental. Dans ce contexte, des organisations humanitaires et de défense des droits humains ont alerté sur des violations contre les migrants et les réfugiés. Avec plus de 3 millions de personnes, les Syriens constituent la plus grande proportion de migrants dans le pays.