La Turquie qui, depuis lurette, annonçait en soufflant le chaud et le froid qu'elle s'apprêtait à expulser des membres étrangers (jihadistes) du groupe Etat Islamique qu'elle détenait, a mis ses menaces à exécution. En effet, Ankara a commencé, en ce lundi 11 novembre, à les expulser. Un ressortissant américain a été « déporté de Turquie » et « les démarches concernant 11 combattants étrangers d'origine française arrêtés en Syrie sont en cours », a annoncé le ministère de l'Intérieur turc, sans plus de précisions. Vendredi, le ministre turc de l'Intérieur avait déclaré, allusion faite à la France l'Allemagne et la Grande-Bretagne, « Pas besoin de courir dans tous les sens : nous allons vous renvoyer les membres de l'EI. Ils sont à vous, faites-en ce que vous voudrez ». Un Danois et un Allemand ont également regagné leur pays d'origine en ce lundi, tandis que sept compatriotes à ce dernier devraient connaître ce même sort jeudi. La chaîne de télévision publique TRT Haber rapporte que l'Etat turc entend expulser quelque 2.500 jihadistes, dont une majorité vers des pays de l'Union européenne. Selon elle, 813 jihadistes présumés, soupçonnés de liens avec le terrorisme, sont actuellement en attente d'expulsion dans 12 centres de rétention dits aussi de « renvoi ». Cette dernière connotation signifiant que les mis en cause y « résidant » sont voués à être rapatriés vers leur pays d'origine. Paris, par la voix de sa ministre des Armées, Florence Parly, dit ne pas « avoir connaissance, pour le moment, d'un retour précis de terroriste de la part de la Turquie ». Sur France Inter, elle a rappelé l'existence d'un « protocole » de rapatriement avec la Turquie, « parce que nous ne voulons pas être confrontés à des retours "sauvages" de terroristes ». Ankara critique de longue date le refus de ses alliés européens, dont la France, de ne pas vouloir prendre en charge leurs ressortissants, partis se battre en zone irako-syrienne et faits prisonniers, dont la plupart, avec leur famille. En effet, la plupart des Etats européens refusent de rapatrier leurs citoyens qui avaient rejoint les rangs de l'EI en Syrie ou en Irak. Pire nombre d'entre eux refusent même le retour des femmes et enfants de ces derniers, qui pour la grande majorité ne sont pas pour grand-chose, sinon rien, dans l'exil volontaire de leurs conjoints ou parents, puisque nés en ces terres.Ce qui cause un cas de conscience aux gouvernements des pays concernés. Recep Tayyip Erdogan ayant bien assumé lorsque ces derniers lui ont exprimé leur ressentiment pour le moins déclaré à son égard lors de son odyssée kurde, joue aujourd'hui cette carte, dans l'histoire du prêté pour un rendu. Mais il n'est pas question que des jihadistes qui entrent en compte dans ses calculs, nombre de migrants « quelque 3 millions » dont une majorité de Syriens n'attendent que l'ouverture des frontières turques pour rejoindre l'Europe profonde.