Trois mois après avoir reconnu officiellement l'ouverture de négociations avec le Maroc en vue de lui céder le contrôle de l'espace aérien du Sahara, le gouvernement espagnol fait machine arrière. La décision préoccupe des milieux diplomatiques et sécuritaire à Madrid. Le gouvernement espagnol a renoncé à céder au Maroc le contrôle de l'espace aérien du Sahara occidental. «Rabat a reçu la confirmation de la Moncloa (le palais de la primature) que l'Espagne va arrêter le transfert de la gestion de l'espace aérien du Sahara occidental», rapporte El Confidencial Digital. «La décision a déjà été communiquée au roi Mohammed VI. A Rabat, on analyse avec préoccupation ce qui adviendra de la feuille de route convenue avec Sánchez», dans la Déclaration conjointe du 7 avril 2022, indique le média. «Des sources diplomatiques à Madrid redoutent que la suspension des négociations sur ce dossier aient un impact sur l'avenir des relations entre les deux pays», ajoute ECD. Depuis quelques semaines, l'exécutif de Sánchez couvre d'éloges le Maroc, notamment sur les dossiers de douanes à Ceuta et Melilla et l'immigration irrégulière. Même la ministre de la Défense, Margarita Robles, a rejoint José Manuel Albares dans ce sens. Madrid préoccupée par les répercussions de cette suspension Les mêmes sources espagnoles attribuent cette décision aux élections anticipées du 23 juillet prochain. Ce coup d'arrêt intervient alors que le dossier de l'ouverture d'une douane à Ceuta et la réouverture d'un bureau de douane à Melilla, fermé depuis août 2018, enregistre du «retard», selon l'opposition à Madrid. Le Maroc s'accroche à répéter la phase des essais pilotes. Outre ce facteur, les «sources diplomatiques» contactées par ECD ont établi le lien entre ce rétropédalage du cabinet Sánchez et la montée des revendications du Maroc sur Ceuta et Melilla. En témoigne, d'ailleurs, la lettre du ministère des Affaires étrangères adressée fin mai à la Commission européenne, en riposte à des «déclarations hostiles» au Maroc faites par le vice-président de la Commission européenne chargé de la migration, Margaritis Schinas. Le gouvernement espagnol avait reconnu, en mars dernier dans une réponse à une question écrite du sénateur de la Coalition canarienne Fernando Clavijo, que «les discussions avec le Maroc sur la concession du contrôle de l'espace aérien du Sahara occidental ont commencé». «Les négociations avec le Maroc à cet égard portent sur la gestion de l'espace aérien et la coordination entre les deux parties, afin de parvenir à une plus grande sécurité dans les connexions et à la coopération technique», a affirmé le gouvernement. Et d'ajouter que «ces négociations se tiennent conformément au point 7 de La Déclaration conjointe maroco-espagnole du 7 avril 2022». Le texte annonce en effet que des «discussions concernant la gestion des espaces aériens seront engagées» entre les deux pays. Ces précisions avaient marqué un véritable tournant. Pour rappel, le même gouvernement avait nié catégoriquement tout projet de céder au Maroc le contrôle de l'espace aérien du Sahara occidental. Une position exprimée, en décembre, par le ministère des Affaires étrangères, José Manuel Albares, en réponse à une question écrite du groupe des députés du Parti populaire.