A six semaines des législatives anticipées en Espagne, l'Algérie a déjà commencé à faire pression sur le Parti populaire, que les sondages donnent vainqueur le 23 juillet, exigeant une annulation du soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara. Après la mise en garde lancée par un ex-ministre algérien, un média espagnol proche du Polisario a pris le relai. Pour l'heure, le PP ne se prononce pas. En Espagne, le Parti populaire continue d'aborder les relations avec le Maroc et l'Algérie, avec prudence. Son vice-secrétaire général, Esteban González Pons, considéré comme l'un des candidats à diriger la diplomatie, a observé la même ligne de conduite dans ses réponses aux questions d'El Independiente, un média très proche du Polisario. Sans rien révéler sur la politique marocaine du PP, une fois au pouvoir, Pons a indiqué que «l'Espagne a joué un rôle dans l'axe Algérie-Maroc et doit le jouer à nouveau. Et nos bonnes relations avec l'Algérie ne doivent en aucun cas occulter ou entraver notre amitié fraternelle avec le Maroc». Le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a défendu la même position dans une interview donnée, samedi, à France 24. Sur une éventuelle révocation par un gouvernement présidé par le PP du soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara, Pons a souligné qu'«il est possible de revenir à la position traditionnellement adoptée par l'Espagne dans laquelle la fraternité avec le Maroc n'a pas empêché les bonnes relations avec l'Algérie. Nous avons toujours été dans cette position, nous n'aurions jamais dû la perdre. Il s'agit simplement de récupérer notre position traditionnelle», a-t-il affirmé. Et d'ajouter que sur le dossier du Sahara «le PP restera dans le cadre des résolutions des Nations unies». Comment renouer avec Alger sans provoquer une nouvelle crise avec Rabat Des propos qui n'ont guère rassuré les responsables algériens. «Des sources proches du régime algérien exigent des gestes qui annulent, en quelque sorte, le changement de position sur le différend sur le Sahara», précise El Independiente. Cette semaine, un ex-ministre algérien de l'Industrie a mis en garde le PP contre un alignement sur la position de Pedro Sanchez sur le dossier Sahara, annonçant que les sanctions économiques, imposées depuis une année par son pays contre les exportateurs espagnols, ne seront pas levées. Face à la complexité du sujet, «au Parti populaire, ils évitent de révéler comment ils résoudront l'équation de renouer avec Alger sans provoquer une nouvelle crise avec Rabat», rapporte El Independiente. En prévision du retour du PP au Palais de la Moncloa, après presque cinq années dans les rangs de l'opposition, le chef du parti, Alberto Núñez Feijóo, avait donné des ordres clairs aux cadres de sa formation de «regarder à la loupe» tous les sujets qui se rapportent au Maroc avant de se prononcer dessus. Des responsables de la direction du PP reconnaissent, dans des déclarations faites sous couvert d'anonymat, que «chaque apparition ou prise de position est analysée en détail pour ne pas aggraver les choses». «Il est évident que si nous voulons gouverner comme nous le croyons, il faut prendre soin du Maroc», admettent-ils. Pour rappel, le président du Parti populaire, Alberto Núñez Feijóo, avait rencontré, le 31 mars à Rotterdam lors du congrès du Parti populaire européen, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.