En prévision de son retour imminent au pouvoir en Espagne, le Parti populaire a ordonné à ses cadres d'être prudents à l'heure d'aborder les relations avec le Maroc, notamment la question du Sahara occidental. Après presque cinq années dans les rangs de l'opposition, le Parti populaire se prépare à gouverner l'Espagne. Le dernier sondage, publié ce lundi 27 février, donne au PP une nette victoire sur le PSOE de Pedro Sanchez. En prévision de ce retour au Palais de la Moncloa, la direction du parti commence à se débarrasser de l'habit de l'opposant pour endosser progressivement celui du gouvernant. Les relations avec le Maroc n'échappent à cette «mue» en cours chez la formation de droite classique. Le chef du PP, Alberto Núñez Feijóo a ainsi donné des ordres clairs aux cadres de son parti de «regarder à la loupe» tous les sujets qui se rapportent au Maroc avant de s'y prononcer, indique un média espagnol. Des responsables de la direction du PP reconnaissent, dans des déclarations faites sous couvert d'anonymat, que «chaque apparition ou prise de position est analysée en détail pour ne pas aggraver les choses». «Il est évident que si nous voulons gouverner comme nous le croyons, il faut prendre soin du Maroc», reconnaissent-ils. Le PP ne souhaite pas répéter les mêmes «erreurs commises» par Pedro Sanchez. «Nous allons maintenir une position d'Etat avec le Maroc. Mais on ne peut pas trébucher sur les mêmes cailloux ou négliger l'Algérie», soulignent des cadres de ce parti. «Une stricte neutralité et un respect total du Maroc» Le PP préconise une «une stricte neutralité et un respect total du Maroc». «Nous proposons la sérénité et le respect, sans offenser personne, sans ouvrir de blessures inutiles ni détériorer nos relations internationales. Sans commettre les mêmes erreurs que le gouvernement Sanchez a commises avec le Sahara, avec le Maroc et avec l'Algérie en seulement 24 heures», résume un haut cadre du PP la ligne politique que sa formation adoptera, une fois arrivée au pouvoir. Une année après le soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara, le PP n'a pas encore annoncé officiellement son intention de révoquer une décision qu'il continue, pourtant, de condamner au Parlement. «Je ne sais pas quelle est la position actuelle de l'Espagne. Une lettre du Premier ministre adressée au Maroc ? Nous ne connaissons pas son contenu», avait souligné Alberto Núñez Feijóo dans une interview accordée à un média espagnol. «Gardant à l'esprit que le Maroc est un allié prioritaire pour l'Espagne, je reviendrai sur cette affaire, là où elle a toujours été, c'est-à-dire au Parlement. Ici, il y avait un modèle (UCD, Felipe González, Aznar), pour s'entendre sur les questions qui concernent le Sahara», avait-il précisé. Feijóo avait rencontré Aziz Akhannouch, le mardi 31 mai, à Rotterdam. Des sources au PP avaient alors confié à la Radio Cope que le chef du PP avait rassuré son interlocuteur marocain sur «son engagement à maintenir une relation de bon voisinage et de loyauté avec le Maroc et sa volonté de mener une politique étrangère fiable». Pour rappel, les députés du PP avaient contraint, en mai dernier, le Parti nationaliste basque à réviser sa proposition réclamant du gouvernement espagnol un soutien à un référendum d'autodétermination au Sahara. A la Commission de coopération internationale relevant de la Chambre basse du Parlement, le PP a conditionné son appui à l'initiative à l'absence de toute référence à l'option référendaire, si chère au Polisario et à ses amis au voisin ibérique. En Espagne, la perspective d'élections anticipées se précise, notamment après les divergences criantes entre le PSOE et ses alliés au gouvernement d'Unidas-Podemos, sur une loi portant sur les agressions sexuelles. Des médias espagnols donnent le mois de décembre pour l'organisation du scrutin. Un mois qui coïncide avec la fin de la présidence de l'Espagne de l'Union européenne. Pour mémoire, Mariano Rajoy, originaire de la Galicie comme Feijóo et qui avait gouverné l'Espagne de novembre 2011 à juin 2018, avait eu en 2004 alors dans les rangs de l'opposition, une lune de miel avec le Polisario. Cependant, une fois à la Moncloa, les intérêts économiques, politiques et sécuritaires avec le Maroc avaient pris le dessus, le poussant à abandonner ses anciennes promesses faites au Front.