En Espagne, le retour de la droite au pouvoir parait probable. Une perspective envisagée par les enquêtes d'opinions. Le Maroc a-t-il des raisons de s'en inquiéter, notamment sur la question du Sahara ? En Espagne, le Parti Populaire a désormais un nouveau leader. Le Galicien Alberto Núñez Feijóo a pris les rênes de la première force d'opposition. Une élection qui promet pour l'avenir du PP. La formation commence déjà à récupérer le terrain perdu sous l'ère de son ancien chef Pablo Casado, le protégé de José Maria Aznar, comme le montrent les résultats d'un sondage réalisé pour le compte du quotidien El Pais et la Radio Cadena Ser, deux médias proches des socialistes au pouvoir à Madrid. En cas d'organisation de législatives maintenant, le PP aurait 23,1% des intentions de vote, soit 2% de plus qu'en février. Un résultat qui mettrait le parti conservateur à hauteur du PSOE de Pedro Sanchez. Seuls 2,4 points sépareraient le PP de son grand rival. «A aucun autre moment en 2022, le Parti Populaire n'a été aussi près de rattraper le PSOE», constate Cadena Ser. L'enquête d'opinion a révélé aussi que les socialistes continuent de perdre des plumes : 27,1% des voix en février, 26,7% en mars et 25,5% en avril, souligne la même source. Le retour du PP au pouvoir est-il une mauvaise nouvelle pour le Maroc ? Selon les résultats de ce sondage, le PP pourrait revenir au pouvoir grâce notamment à l'appui de Vox et dans une moindre mesure aux soutiens de quelques petites formations régionalistes aux Iles Canaries et à Navarre et de ce qui resterait de Ciudadanos. Pour rappel, Vox a permis au PP de garder la présidence de la région de la Castille-et-Léon dans son giron au lendemain des élections anticipées du 13 février. Reproduire le même pacte au niveau de l'ensemble de l'Espagne parait probable. Du côté marocain, un éventuel retour au pouvoir du PP ne devrait pas soulever des inquiétudes. Certes, le parti conservateur a rejoint les voix qui condamnent l'appui de Pedro Sanchez à l'initiative marocaine d'autonomie au Sahara occidental, mais il le fait selon ses propres calculs. Sur cette question, le PP joue amplement son rôle de première force d'opposition au gouvernement et non de l'allié indéfectible du Polisario, comme l'est Podemos. La formation avait, d'ailleurs, adopté la même ligne lors de l'affaire de l'entrée en Espagne, en catimini et sous fausse identité, de Brahim Ghali. Durant des mois, les responsables du PP, à commencer par l'ancien président Pablo Casado, se relayaient pour dénoncer l'accueil du chef du Front Polisario et mettaient en garde contre ses répercussions sur les relations avec le Maroc. La presse proche de ce parti a été appelée en renfort, ouvrant alors ses pages aux politiques marocains, tels Aziz Akhannouch, Nizar Baraka et Abdellatif Ouhabi. Pour mémoire, au lendemain de la victoire du PSOE aux élections du 14 mars 2004, le PP avait initié un rapprochement avec le Polisario. Mariano Rajoy qui dirigeait le parti avait envoyé, en septembre de la même année, dans les camps de Tindouf une délégation conduite par le secrétaire chargé des relations internationales, Jorge Moragas, pour y rencontrer Mohamed Abdelaziz. Une «lune de miel» de circonstance qui s'est poursuivie jusqu'à la victoire du PP aux législatives de décembre 2011. Une fois à la Moncloa, les intérêts économiques, politiques et sécuritaires avec le royaume ont pris le dessus. Ainsi, la neutralité positive observée, depuis 2004, par le socialiste Zapatero sur la question du Sahara n'a pas été révisée par son successeur Rajoy. Durant les sept années au pouvoir du PP, le Maroc et l'Espagne ont, d'ailleurs, tenu deux réunions de la haute commission mixte en 2012 à Rabat et 2015 à Madrid.