Les ingérences dans les affaires intérieures de l'Espagne est une constante de la politique algérienne. Abdelmadjid Tebboune n'a fait que suivre les traces de ses prédécesseurs. Le ministre espagnol des Affaires étrangères ne se lasse pas d'exhorter l'Algérie à cesser ses «ingérences dans les affaires intérieures» de son pays. En témoigne l'appel de José Manuel Albares du dimanche 23 avril dans l'interview qu'il a accordée au quotidien El Espanol. Face à la succession de ces appels, le pouvoir algérien continue de faire la sourde oreille. «L'Espagne a commis un acte inamical à l'égard de l'Algérie» sur la question du Sahara occidental, avait estimé le président Abdelmadjid Tebboune pour justifier la suspension du traité d'amitié avec l'Espagne et la fermeture du marché algérien devant les exportateurs espagnols. Contrairement aux propos de Tebboune, l'ingérence algérienne dans les affaires intérieures de l'Espagne,, qu'Albares n'a eu cesse de condamner, n'est pas la conséquence directe du soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara. En effet, elle est une constante de la politique étrangère de l'Algérie à l'égard de son voisin ibérique. Tebboune n'a fait que suivre fidèlement la ligne tracée par ses prédécesseurs. Quant Alger finançait un parti séparatiste et accueillait une organisation terroriste Dans son obsession d'avoir un accès direct aux eaux de l'Atlantique, et bien avant de jouer la carte du Polisario, l'Algérie avait parié sur le Mouvement pour l'autodétermination et l'indépendance de l'archipel des Canaries (MPAIAC), lancé en 1964 depuis Alger par Antonio Cubillo (1930-2012). Grâce à la forte mobilisation de la diplomatie algérienne, ce parti séparatiste a été reconnu en 1968 par l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), comme représentant du peuple des Iles Canaries. L'Algérie avait aussi entrainé la branche militaire du MPAIAC, appelée les Forces armées Guanches. En 1976, la milice a lancé la lutte armée contre l'Espagne, marquée par la commission d'attentats terroristes contre un magasin à Las Palmas et un autre meurtrier en 1977 à l'aéroport de Tenerife. Avec la création du Polisario, le MPAIAC a été relégué aux oubliettes. Faute de l'appui de l'Algérie, son fondateur, Antonio Cubillo, a été contraint de rentrer en 1985 en Espagne, après 20 ans d'exil en Algérie. Depuis, le mouvement séparatiste a disparu de la scène politique. Parallèlement au soutien financier et diplomatique au MPAIAC, l'Algérie avait accueilli l'organisation terroriste basque ETA, qui revendique l'indépendance du Pays basque. La capitale algérienne avait d'ailleurs servi de scène de règlement de compte entre une aile modérée d'ETA favorable à un dialogue avec Madrid et une autre radicale, marquée notamment par le décès en 1986 de Rxomin Iturb dans un accident mortel à Alger. ETA a commis plusieurs attentats terroristes en Espagne, comme celui de Barcelone, en juin 1987, ayant fait 23 victimes dans un supermarché où une bombe avait été déposée, ou encore celui de Saragosse en décembre 1987, qui avait fait 11 morts dont cinq fillettes âgées de 4 à 7 ans. Pourtant, cela n'a pas poussé l'Algérie à rompre ses relations avec l'organisation terroriste. Ce n'est qu'après l'annonce, en 1989, de la rupture de la trêve avec l'Espagne, que l'Algérie a décidé d'expulser six hauts cadres d'ETA. Une mesure marquant l'échec de la médiation algérienne entre ETA et le gouvernement de Felipe Gonzalez. Comme pour les actes terroristes commis par le Polisario contre des citoyens et intérêts espagnols, le soutien de l'Algérie à deux mouvements séparatistes terroristes continue de bénéficier d'un silence absolu en Espagne.