Les absences répétées du ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, des activités officielles, soulèvent des interrogations en Algérie. Un retrait qui profite à Amar Belani fervent pourfendeur du Maroc. Le ministre algérien des Affaires étrangères a disparu de l'actualité. La dernière activité officielle de Ramtane Lamamra remonte au 23 février, lorsqu'il a reçu trois nouveaux ambassadeurs (du Pérou, de la Guinée-Bissau et la Bulgarie), venus lui présenter les copies figurées de leurs lettres de créance. Depuis, l'homme qui s'activait sur plusieurs fronts et sur Twitter, brille par son absence. Une absence qui alimente les spéculations sur son état de santé (le Kabyle à 71 ans) et surtout sur son possible limogeage par le président Abdelmadjid Tebboune. Lamamra n'a pas pris part à la 159e session du conseil exécutif de la Ligue arabe, tenue le 8 mars au Caire. Il n'a pas participé, samedi, à l'accueil du président de l'Ouganda, Yoweri Museveni, qui effectue une visite de travail à Alger. Et ce lundi 13 mars, Lamamra n'a pas été convié au déjeuner offert par le président Tebboune en l'honneur du Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell. En revanche, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani était présent. L'ancien ambassadeur de l'Algérie auprès de l'Union européenne profite des absences de son supérieur hiérarchique. Depuis le 23 février, Belani, qui a repris du service en septembre 2021 suite à sa nomination comme envoyé spécial pour le Sahara occidental et du Maghreb, s'est emparé des commandes de la diplomatie algérienne. Devenu secrétaire général du ministère des Affaires étrangères en septembre 2022, son agenda est désormais chargé de rendez-vous. Il a reçu les ambassadeurs de Chine, des Pays-Bas, de la Géorgie, le vice-ministre de la Défense, chargé des Forces armées britannique, le secrétaire d'Etat portugais au Commerce international et aux investissements étrangers et le président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement croate. Se débarrasser d'un potentiel concurrent de Tebboune en 2024 ? Ces absences de Lamamra interviennent dans une conjoncture particulière. Le pouvoir algérien se prépare à l'échéance des élections présidentielles de 2024. L'actuel chef d'Etat, qui n'est pas encore rassuré sur son avenir politique, a botté en touche une question sur ce sujet. «Je n'ai aucune réponse et je n'y pense même pas. L'essentiel, c'est qu'il reste encore deux années pour terminer et concrétiser mes engagements et c'est au peuple de juger par la suite», avait-il souligné dans une interview accordée, fin décembre 2022, à des médias locaux. Le nom de Lamamra avait, en effet, circulé comme éventuel successeur de Tebboune. Un autre diplomate, Sabri Boukadoum, avait aussi été pressenti pour remplacer Tebboune alors que ce dernier était alité en Allemagne. Mais Boukadoum a été démis de ses fonctions lors du remaniement ministériel du 7 juillet 2021, remplacé par Ramtane Lamamra.