Muni d'anciennes armes, le PJD ouvre un nouveau front contre toutes les propositions de réformer le Code de la famille. Les islamistes ont dans le viseur la dernière initiative lancée par le Conseil National des Droits de l'Homme. Le PJD est vent debout contre la composition, annoncée mardi, par le Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH) du «Groupe de travail sur la proposition de révision du Code de la famille». Le secrétariat général du Parti de la Lampe exprime son «grand étonnement» quant au tour de table dudit groupe. L'instance menée par Abdelilah Benkirane pointe «l'exclusion de larges courants et sensibilités qui existent et sont enracinés dans la société marocaine», indique le PJD dans un communiqué. Les islamistes déplorent «la prédominance d'un courant intellectuel et politique qui ne reflète pas le pluralisme de la société marocaine». Le «Groupe de travail sur la proposition de révision du Code de la famille», lancé par le CNDH comprend notamment la magistrate Zhor El Horr, coordinatrice du Mécanisme national de protection des droits des personnes en situation de handicap, Latifa Jbabdi, membre du bureau exécutif de l'Union de l'action féminine et ancienne députée de l'USFP, Amina Lotfi, présidente de l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM). Quand le PJD votait des articles contraires à son idéologie Le PJD estime que la présidence du CNDH, Amina Bouayach, a abordé la question du Code de la famille «en dehors de la logique de consensus et des équilibres nationaux». Une approche qui représente une «transgression explicite de la méthodologie fixée par Sa Majesté le Roi, que Dieu le protège, et qui ne sert pas l'intérêt national». Dans la droite ligne de la position des islamistes, le «Forum Azzahrae pour la femme marocaine», proche du PJD, a égalemment dénoncé «la méthodologie d'exclusion» du CNDH. Cette sortie était prévisible. Le PJD avait déjà condamné, en octobre 2015, la proposition du CNDH pour la révision du Code de la famille afin de permettre aux femmes de bénéficier des mêmes droits successoraux que les hommes. «C'est une recommandation irresponsable qui constitue une grave violation de la constitution», avait dénoncé la formation islamiste. Les «frères» de Benkirane avaient alors indiqué que le CNDH a dépassé ses prérogatives, «empiétant sur un domaine réservé au Commandeur des croyants». Et de rappeler au passage le discours du roi Mohammed VI prononcé en octobre 2003 devant le Parlement, lorsqu'il avait déclaré, en défendant le nouveau texte de la Moudawana, qu'il «ne peut recommander l'illicite ou interdire le licite». Pour rappel, en juillet 2015, Abdelilah Benkirane, arborant la casquette de chef du gouvernement, n'avait pas hésité à mettre sous le boisseau tous les marqueurs idéologiques du PJD pour que le protocole facultatif de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), adopté par son cabinet en novembre 2012, soit approuvé par les deux Chambres du Parlement. Pour ce faire, il avait enjoint aux députés islamistes de voter le texte si décrié par l'ensemble du PJD alors que le parti était dans les rangs de l'opposition, mais aussi par sa matrice idéologique le Mouvement Unicité et Réforme (MUR).