Un mois après son élection, le 20 janvier, à la tête du Polisario, Brahim Ghali fait face à une défection de ses partisans ayant défendu son troisième mandat. Une défection appuyée par une sérieuse mise en garde. La composition du nouveau «gouvernement» du Front Polisario ne fait pas l'unanimité dans les camps de Tindouf, y compris dans les rangs des plus fervents défenseurs de la gestion de Brahim Ghali. En témoigne l'article publié, jeudi, par un média qui a pourtant fait campagne pour la candidature de Ghali lors du 16e congrès. Même si le ton n'est pas si virulent, le site d'actualité hispanophone ne se prive pas de décocher des flèches en direction du locataire du «palais jaune» au camp Rabouni. «Il y a une défiance généralisée à l'endroit de la direction, reflétée par la défection des électeurs», reconnait la même source. Le cabinet conduit par Bouchraya Beyoun est, ainsi, qualifié de «vieux et nouveau gouvernement», composé de membres dont le parcours est «pointé du doigt» par les Sahraouis des camps installés sur le territoire algérien. Une sérieuse mise en garde adressée au chef du Polisario Tout en relevant des «succès» attribués à Brahim Ghali, se félicitant ainsi du verdict en première instance de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), du 29 septembre 2021, invalidant les accords conclus entre le Maroc et l'UE, le média admet qu'il y a eu «des pilules amères à avaler sous la direction de Ghali». Il mentionne notamment «l'ouverture de consulats dans les zones occupées, la position pro-marocaine de l'Espagne, la situation intérieure délicate avec une mise à l'écart des jeunes des postes de responsabilité et l'absence d'une vision d'avenir face aux multiples menaces croissantes contre les intérêts nationaux». «Les trois prochaines années du gouvernement de Brahim Ghali ne seront pas exemptes de tensions, la présence des mêmes dirigeants pendant quatre décennies continue d'être mal vue par les citoyens, pas plus qu'elle n'inspire la nécessaire confiance et la cohésion qu'aurait procuré un gouvernement réformé au sens strict du terme», souligne la même source. Pour regagner la confiance des Sahraouis des camps, le média enjoint à Brahim Ghali «d'adopter une approche intransigeante envers le Maroc, notamment en ce qui concerne les actions militaires». Il reste à voir comment le secrétaire général du Front et «son cabinet s'en sortiront face aux défis à venir». Un message qui sonne comme sérieux avertissement destiné à l'actuel chef du Polisario. L'article en question reflète, en effet, une partie de la colère des Sahraouis, exprimée sur les réseaux sociaux dès l'annonce, le 14 février, de la liste des membres du «cabinet Beyoun». De nombreuses voix dans les camps de Tindouf ont dénoncé l'absence de Bachir Mustapha Sayed sur la photo de famille du «nouveau gouvernement». Et de rappeler que la candidature du frère du fondateur du Polisario avait recueilli, lors du dernier conclave, l'adhésion de 563 congressistes, soit (31%), contre 1 253 pour son adversaire, au pouvoir depuis juillet 2016.