Un groupe d'eurodéputés oublie le «Qatargate» pour se consacrer exclusivement sur le Maroc. Après la résolution sur les journalistes marocains en détention, il prévoit d'organiser une réunion sur l'affaire Pegasus alors que la Commission d'enquête du PE n'a pu apporter des preuves accusant Rabat d'espionnage. L'offensive anti-Maroc au Parlement européen se poursuit, avec une nouvelle étape programmée pour la semaine prochaine. Sur une proposition du groupe des Verts, le siège du PE accueillera, le 9 février, une réunion consacrée à l'examen des allégations portant sur l'utilisation par le royaume du logiciel Pegasus pour espionner des responsables européens. «Un panel d'experts sera invité à s'exprimer sur le sujet», indique le quotidien belge Le Soir. Sur le site du PE figure, en effet, une audition ayant pour thème «La géopolitique des logiciels espions». Ce débat intervient presque trois semaines après l'adoption, le 19 janvier par le Parlement européen, d'une résolution appelant à la libération des journalistes marocains détenus. Le Groupe des Verts, aux côtés de l'extrême gauche et du Renew Europe, avait joué un rôle important dans l'approbation du texte. La semaine dernière, une trentaine d'eurodéputés, dont des Verts, ont aussi demandé à la présidente du PE, Roberta Metsola, de décréter des sanctions à l'endroit du royaume pour son implication présumée dans le scandale de corruption qui secoue, depuis deux mois, l'institution législative européenne. Ils ont notamment exigé d'interdire l'accès au Parlement européen aux représentants du Maroc. Aucune preuve sur la responsabilité du Maroc La plénière du Parlement européen avait voté, le 10 mars 2022, en faveur de la création dune «commission d'enquête sur l'utilisation du logiciel espion Pegasus et de logiciels de surveillance équivalents». Une instance, composée de 38 eurodéputés, ayant pour objectif d'analyser les législations nationales existantes qui réglementent la surveillance, et vérifier si le logiciel espion Pegasus a été utilisé à des fins politiques à l'encontre notamment de journalistes, de personnalités politiques ou d'avocats. Après six mois d'enquête, le rapport préliminaire de la Commission d'enquête, présenté le 8 novembre, n'a pu fournir des preuves sur la culpabilité des services de renseignements marocains dans les opérations d'espionnage visant les téléphones du chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et les ministres de la Défense, Margarita Robles, de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska et de l'Agriculture, Luis Planas. La Commission parlementaire a également auditionné, le 28 novembre, de hauts cadres espagnols du Centre national d'intelligence (CNI), qui se sont abstenus de pointer du doigt la responsabilité de Rabat. Le journaliste espagnol, Ignacio Cembreo, a été parmi les témoins appelés ce jour-là par les membres de la Commission. La réunion du 9 février est du pain béni pour les eurodéputés proches du Polisario pour maintenir la pression sur le Maroc. Miguel Urbán, fer de lance de toutes les propositions anti-Maroc au sein de l'hémicycle européen, avait déjà annoncé le couleur, affirmant en décembre que le scandale de corruption «a commencé avec le Maroc et ses services secrets avant le Qatar, qui n'a fait que se servir d'un réseau déjà mis en place».