Après la corruption présumée d'eurodéputés par le Maroc, la plénière du Parlement européen a examiné la liberté de presse. Les voix ayant critiqué Rabat ont largement pris le dessus face à une commissaire européenne aux Transports sur la défensive et un seul eurodéputé, qui a pris partie pour le Maroc. Comme prévu, le projet de résolution sur la «situation des journalistes au Maroc, particulièrement le cas Omar Radi,» a fait mercredi soir l'objet de débats durant plus d'une heure, à la plénière du Parlement européen. La majorité écrasante des orateurs qui se sont relayés à la tribune ont réclamé la libération des journalistes emprisonnés et les autres détenus du Hirak du Rif, notamment Nasser Zefzafi. «Il faut mettre un terme aux arrestations des journalistes et au chantage de Rabat sur la question migratoire», a exigé l'eurodéputé néerlandais, Thijs Reuten de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates. Sa compatriote Tineke Strik, des Verts, s'est félicitée que le scandale de corruption qui secoue le Parlement européen a facilité l'examen d'une telle résolution «et ce après 25 ans d'attente. Rabat a réussi, jusqu'à présent, à faire taire ce sujet». Elle a plaidé pour «une évaluation critique des relations» avec le royaume. Son collègue le Grec Georgios Kyrtsos, du groupe Renew Europe a estimé que «le Maroc, impliqué dans le "Qatargate" n'est pas un Etat de liberté pour la presse». Une seule voie en faveur du Maroc L'Espagnole Miguel Urban n'a pas manqué ce débat : «Le Maroc est l'enfant gâté de la politique européenne. L'UE est complice des violations des droits de l'Homme au Maroc et de l'occupation du Sahara occidental.» Urban, qui vient juste de rentrer des camps de Tindouf où il a pris part au 16 congrès du Polisario, a appelé à «conditionner» les aides financières accordées à Rabat «au respect de la liberté de la presse et des droits de l'Homme». Au milieu de ce réquisitoire dressé à l'encontre du Maroc, l'eurodéputé Therry Mariani, du groupe Identité et Démocratie, a pris la parole pour le défendre. Le royaume est «un partenaire pivot de l'Union européenne. Je ne donne pas de crédits aux rapports d'ONG qui s'essuient les pieds sur la justice marocaine», a-t-il précisé. Le Français s'est interrogé sur le silence du Parlement européen face aux violations des droits de l'Homme et arrestations des journalistes en Algérie. Vers la fin du débat sur le projet de résolution sur «la situation des journalistes au Maroc, particulièrement le cas d'Omar Radi», la Commissaire européenne aux Transports, Adina-Ioana Vălean, a souligné que «la commission continue de développer ses relations avec le Maroc. Nous n'avons pas peur de faire part de nos inquiétudes sur ce sujet à nos homologues. D'ailleurs le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a soulevé cette question avec les responsables marocains lors de sa dernière visite à Rabat». Elle a demandé que les procès de journalistes «soient justes» et que les critiques adressées au Maroc «soient constructives». Le vote de ce projet de résolution, par la plénière du Parlement européen, est prévu ce jeudi 19 janvier.