L'enquête en Belgique sur les «relations dangereuses» qu'entretiennent des eurodéputés avec le Maroc et le Qatar a franchi un nouveau cap, avec les aveux de l'Italien Antonio Panzeri. Parallèlement à ces précisions, le lobby du Polisario au Parlement européen entre en jeu pour appeler à se concentrer sur le «Marocgate». Nouveau rebondissement dans l'affaire «Qatargate». L'ex-eurodéputé italien Antonio Panzeri a reconnu auprès des enquêteurs belges qu'il défend bien les intérêts du Maroc et du Qatar au Parlement européen. En échange de ces opérations de lobbying dans l'institution européenne, il reçoit des deux pays 50 000 euros, rapporte EFE citant le journal italien «Il Fatto Quotidiano». Panzeri a affirmé que sa collaboration avec Rabat et Doha a commencé en 2019, l'année où il avait perdu le titre d'eurodéputé lors des élections européenne organisées. Suite à sa défaite, il avait lancé sa propre ONG «Fihgt Impunity», basée à Bruxelles. L'«accord» conclu avec le Maroc et le Qatar est entré en vigueur en octobre ou novembre 2019, alors qu'il n'était plus parlementaire européen, avec le versement des premiers chèques, a-t-il précisé aux enquêteurs belges. Quant aux 60 000 euros trouvés dans son domicile, Panzeri a affirmé que cette somme est la sienne et ne provient pas du Maroc ou du Qatar. Une version différente de celle des investigations des services de renseignements belges, qui affirment qu'Antonio Panzeri travaillait pour le compte de Rabat depuis 2014 et ses activités en faveur du Qatar ont commencé en 2018. Le lobby du Polisario s'active au Parlement européen pour condamner Rabat Face à ces révélations sur les liens de l'ex-eurodéputé avec Rabat et Doha, des membres du conseil d'administration de l'ONG «Fight Impunity» ont quitté discrètement le navire Panzeri, indique le quotidien belge Le Soir. Ainsi, l'ex-Premier ministre français, Bernard Cazeneuve, l'ex-cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, l'Italienne Federica Mogherini, l'ex-Commissaire à l'Immigration, le Grec Dimitris Avrampoule, et l'ancienne eurodéputée suédoise Cecilia Wikströme ont tous présenté leurs démissions. Cette affaire de lobbying intéresse particulièrement les amis du Polisario au Parlement européen. Miguel Urbán, fer de lance de toutes les propositions anti-Maroc au sein de l'hémicycle européen, a affirmé que «le complot a commencé avec le Maroc et ses services secrets avant le Qatar, qui n'a fait que se servir d'un réseau déjà mis en place». Des médias du Polisario avancent une éventuelle responsabilité de l'actuel du chef de la diplomatie de l'UE, l'Espagnol Josep Borrell, dans ce dossier. Dans ce contexte, la possibilité de lancement d'une opération de règlement de vieux comptes, n'est pas à exclure au risque d'ébranler l'ensemble des institutions européennes. La semaine dernière, une coalition au Parlement européen composée de la droite classique et des socialistes avec l'abstention de l'extrême droite a rejeté une proposition de l'extrême gauche appelant à appliquer aux lobbyistes marocains les mêmes sanctions infligées aux supposés représentants des intérêts du Qatar, dont l'ancienne vice-présidente du PE, la Grecque Eva Kaili. Le projet a été rejeté par 253 eurodéputés, alors que 238 ont voté pour et 67 se sont abstenus. Un résultat très serré qui encourage les camarades de Miguel Urban à tenter leurs chances dans les jours à venir, au fur et à mesure que l'enquête avec Antonio Panzeri avance.