Les livraisons algériennes de gaz naturel liquéfié (GNL) à l'Espagne par navires méthaniers ont atteint leur «plus bas niveau historique». Ainsi, entre janvier et novembre 2022, le volume de GNL que l'Espagne a reçu par cette route a diminué de 74%, par rapport à la même période en 2021, selon les dernières données collectées par Enagás et reprises par El Mundo. Entre janvier et novembre, l'Espagne a reçu 5 400 GW/h (gigawattheures) de gaz liquéfié algérien, contre près de 21 100 GW/h au cours des onze premiers mois de l'année dernière, soit le niveau historique le plus bas. «Depuis sept ans (les premières données publiées sont celles de 2016), l'entrée du GNL algérien n'était jamais descendue en dessous de 10 000 GWh en novembre, sauf en 2020, année de la pandémie, où la demande a chuté dans un contexte de ralentissement économique mondial», rappelle-t-on. El Mundo souligne que «l'effondrement s'est produit à un moment de tension particulière entre l'Espagne et l'Algérie, après le tournant diplomatique du gouvernement de Pedro Sánchez sur la question du Sahara occidental». Dans ce sens, «des pays comme Malte, la Grèce ou l'Italie ont gagné des positions face à l'Espagne dans la réception du GNL d'Algérie, profitant de la crise entre les deux derniers», confient des sources du secteur. Cependant, la baisse du GNL algérien dans les réservoirs espagnols a été compensée par une augmentation du gaz en provenance des Etats-Unis. Les méthaniers américains ont ainsi transporté près de 116 200 GWh vers l'Espagne jusqu'en novembre, contre un peu plus de 49 400 GWh l'année précédente, soit 57 % de plus. Des sources de la société publique espagnole Enagás évoquent la «situation internationale» et soulignent que «comme les pays voisins, l'Espagne connaît une plus grande diversification des origines d'approvisionnement en GNL». «Nous continuons à avoir des importations très importantes via le gazoduc algérien (Medgaz), qui jusqu'en novembre est le deuxième fournisseur de gaz naturel en Espagne», souligne la compagnie gazière. A fin novembre, les navires américains couvraient 28,5% de la demande nationale espagnole, devant les navires et les gazoducs algériens, dont la part tombe à 23,7%. L'essentiel des exportations algériennes de gaz vers l'Espagne se faisait historiquement par gazoducs. Les deux pays sont reliés par deux : le Medgaz, toujours opérationnel, ainsi que le gazoduc Maghreb-Europe, qui traverse le Maroc, fermé par l'Algérie en novembre 2021.