Le PJD tente ainsi de recoller les morceaux de sa relation avec le Rassemblement national pour la réforme et le développement, en Mauritanie, alors que la question des liens entre les islamistes du voisin du sud et le Polisario a été mise sous le boisseau. Après trois ans de rupture, le PJD tente de se réconcilier avec ses «frères» mauritaniens du Rassemblement national pour la réforme et le développement (TAWASOL, selon son acronyme en arabe). Une délégation de la formation islamiste marocaine, conduite par l'ancien ministre Mustapha El Khalfi, a assisté à la séance d'ouverture, du samedi 24 décembre à Nouakchott, du congrès de Tawasol. Une présence qui devrait ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux partis islamistes. Le PJD se félicite, avec prudence, de cette perspective. En témoigne le choix de l'anonymat pour commenter cette participation. «Nous avons pris part à ce congrès pour élargir les partisans à notre intégrité territoriale», affirme dans des déclarations à Yabiladi une source au PJD. A notre question portant sur les liens entre TAWASOL et le Polisario, la même source s'empresse d'annoncer que «le mouvement séparatiste n'a pas été invité au conclave» des islamistes mauritaniens. Le représentant du Polisario n'a pas pris part au congrès du TAWASOL Une version confirmée par Mohamed Cheikh Ould Lamine, directeur du site Anbaa.info basé à Nouakchott. «Le représentant du Polisario en Mauritanie n'a pas été convié à prendre part à la cérémonie d'ouverture du congrès. Ce qui marque un tournant», indique-t-il à notre rédaction. Le responsable relève que «les médias du Front ont complètement passé sous silence le conclave de TAWASOL». Pour rappel, le Polisario a remis, le 4 décembre, à Soufi Ould Chibani, vice-président du Rassemblement national pour la réforme et le développement, une invitation à prendre part à son 16e congrès, prévu du 13 au 17 janvier 2023. Une invitation dénoncée par des parties au voisin du Sud qui ont appelé au boycott de l'événement, évoquant des violations des droits de l'Homme commises par le mouvement séparatistes contre des ressortissants mauritaniens. A trois semaines de ce rendez-vous, le nouveau président de TAWASOL, Ould Sidi El Mokhtar, élu dimanche soir par 85% des voix, répondra-t-il à l'invitation du Polisario ? Les islamistes du voisin du sud ont toujours défendu leur relation avec le Polisario. «Nous souhaitons une relation forte et équilibrée avec les différentes parties impliquées dans le conflit au Sahara occidental, y compris les frères du Royaume du Maroc et du Front Polisario», avaient précisé en décembre 2019, les Mauritaniens en riposte à la colère du PJD, suite à la réunion entre le président de TAWASOL, Mohamed Ahmed Ben Sidi, et un émissaire de Brahim Ghali. Cette ligne de «neutralité positive» a été revendiquée, en mars 2021, à l'occasion de l'accueil réservé par le même Ben Sidi à Bachir Mustapha Sayed. La participation d'une délégation du PJD au congrès du Rassemblement national pour la réforme et le développement intervient moins d'une semaine après la visite au royaume d'une délégation de députés du voisin du sud, conduite par le président de l'Assemblée nationale, Cheikh Ould Baya, et la présence à Rabat du Commissaire mauritanien aux droits de l'Homme, à l'action humanitaire et aux relations avec la société civile, Cheikh Ahmedou Ould Ahmed Salem Ould Sidi, à la cérémonie de la remise du Prix de la société civile 2022 au Maroc. Le Maroc ne conditionne pas le développement de ses relations avec la Mauritanie à son retrait de la reconnaissance de la «RASD». Le PJD semble emprunter la même voie avec ses «frères» de TAWASOL.