La Mauritanie vient de donner une nouvelle preuve de sa «neutralité» sur la question du Sahara occidental. Le voisin du sud a envoyé son chef de diplomatie à Rabat alors que des partis locaux ont pris la destination de Tifariti pour prendre part au 15e congrès du Polisario. Aujourd'hui, le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Ismail Ould Cheikh, se trouve à Rabat où il prend part à la séance d'ouverture de la huitième édition du sommet des étudiants et de la jeunesse africaine. C'est d'ailleurs la première visite que le chef de la diplomatie du voisin du sud effectue au royaume, et ce, depuis l'investiture, le 2 août dernier, de Mohamed Ould Ghazouani président de la république islamique. Ismail Ould Cheikh a bien choisi le timing de sa venue dans la capitale marocaine, aux côtés de ses homologues de la Gambie, la Guinée, du Ghana et des Iles Comores. Un geste en direction du Maroc. Rabat accorde en effet une importance capitale à la réunion de la jeunesse du continent en vue d'asseoir son influence auprès d'une élite appelée à assumer dans un avenir proche des hautes responsabilités dans ses pays respectifs. Veiller à maintenir un équilibre entre le Maroc et le Polisario Par la présence de son ministre des Affaires étrangères, les autorités de Nouakchott tentent de contrebalancer la participation de partis mauritaniens, et par de délégations de haut niveau, au 15e congrès du Polisario organisé du 19 au 23 décembre dans la zone tampon de Tifariti. Les formations de l'Alliance populaire progressiste, le Mouvement Ira (abolitionniste), le Parti Al Islah et l'Union des Forces du Progrès se sont relayés à la tribune pour apporter leurs soutiens à la «tenue d'un referendum d'autodétermination du peuple sahraoui», rapporte l'agence Alakhbar. Tous ces partis et d'autres avaient reçu, fin novembre, des mains du «ministre des Affaires étrangères» du Front, Mohamed Ould Salek, des invitations pour assister au conclave. Par ces deux participations à deux événements si importants pour le Maroc et le Front, la Mauritanie gouvernement et partis politiques confirme à sa manière sa position sur la question du Sahara occidental, conformément à la déclaration d'Ismail Ould Cheikh du 7 novembre. «Nous sommes actifs et préoccupés» par ce différend territorial «mais ne nous soutenons aucune partie», a-t-il précisé à l'occasion d'un point de presse tenu vingt-quatre après le discours du 6 novembre du roi Mohammed VI. Dans lequel, il a appelé à «établir des relations saines et solides avec les Etats maghrébins frères». La déclaration de «neutralité» de Nouakchott a été suivie par l'audience accordée par le président Ould El Ghazouani à un émissaire du Polisario. Une «neutralité» que la direction des islamistes de TAWASOL a d'ailleurs rappelée en réaction à la colère du PJD. «Nous souhaitons une relation forte et équilibrée avec les différentes parties impliquées dans le conflit au Sahara occidental, y compris les frères du Royaume du Maroc et du Front Polisario».