L'année 2020 verra-t-elle la tenue d'un sommet entre le roi Mohammed VI et le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani ? Les correspondances officielles échangées entre les deux chefs d'Etat durant les quatre derniers mois plaident en ce sens. Si la politique, notamment dans le monde arabe, n'est pas une science exacte, les relations entre le Maroc et la Mauritanie devraient se consolider en 2020. Des signaux en provenance de Nouakchott convergent vers une véritable normalisation entre les deux Etats voisins. Ainsi, l'ambassadeur du royaume poursuit sa tournée dans les ministères. Le samedi 29 décembre, Hamid Chabar a été, d'ailleurs, reçu par le ministre de l'Intérieur, Mohamed Salem Ould Marzoug. Deux semaines plutôt, une délégation gouvernementale comprenant trois importants ministres : Commerce et Tourisme ; de la Culture, Artisanat et des Relations avec le Parlement ; et de la Valorisation des investissements ont assisté à la cérémonie d'ouverture de la «Semaine du Maroc» en Mauritanie. C'est d'ailleurs la première fois que la capitale accueille un tel événement. Le voisin du sud irrite le Polisario Sur la question du Sahara occidental, certes l'heure n'est pas encore au retrait de la reconnaissance de la «RASD», actée en 1984, mais le paysage politique a tenu à rassurer Rabat. On apprend que le Rassemblement des forces démocratiques dirigé par l'éternel opposant Ahmed Ould Daddah a décliné l'invitation du Polisario de prendre part à son 15e congrès, organisé en décembre à Tifariti. Et pourtant, le RFD était un habitué des rendez-vous du Front. Le même rejet a été constaté auprès du parti «présidentiel» de l'Union pour la République. Sous les onze années de règne de Mohamed Ould Abdel Aziz, cette formation était très proche du mouvement de Brahim Ghali au point de mettre en place, en 2015, le groupe d'amitié parlementaire entre le Mauritanie et le Polisario dont la présidence a été confiée au député Lahbib Ould Jah, un membre de l'UpR et fidèle de l'ancien homme fort en Mauritanie. Les islamistes de Tawasol ont également boudé le conclave du Polisario. Le Front a bien saisi la portée du message en y répondant par une mise en garde adressée par Brahim Ghali au pouvoir de Mohamed Ould Ghazouani. Profitant d'une entrevue avec des représentants de partis mauritaniens ayant assisté au 15e congrès, le chef du Polisario s'est dit persuadé que la Mauritanie «serait le premier affecté par toute tension entre le Maroc et le Polisario du fait de la longueur de ses frontières avec la république sahraouie». De quoi raviver chez des familles mauritaniennes les souvenirs des attaques armées des milices du Front durant les années 70 et les enlèvements de ressortissants mauritaniens dont certains sont encore portés disparus. Pour que 2020 soit réellement l'année de la véritable normalisation des relations entre les deux Etat voisins, il ne manque qu'un sommet entre le roi Mohammed VI et le président Ould Cheikh Ghazouani et ainsi faire table rase des tensions du passé.