Comment qualifier un journal qui a pris en guise de choix iconographique pour un article caricatural sur la crise Algérie-Maroc, une carte du royaume sous occupation coloniale française et espagnole ? Anatomie d'une obsession. Diviser pour mieux régner. Cette politique du colon français a profondément marqué les esprits au Maghreb et notamment en Algérie et au Maroc. Au point où les médias s'ingénient à rajouter des traits (donc des frontières) sur la carte du pays voisin. Après la provocation du média ALG24, qui a traficoté la carte officielle de la Ligue arabe pour retirer le Sahara occidental, au tour de TSA Algérie - qui était pourtant considéré comme un média sérieux avant d'être étranglé par la censure. Ce dernier n'a pas trouvé plus ridicule provocation que d'illustrer un article caricatural par une carte du Maroc datant des protectorats français et espagnol. En plus du traditionnel trait de séparation avec le Sahara occidental, on peut voir la zone espagnole méridionale de 26 000 km2, au sud de l'oued Drâa, la zone septentrionale qualifiée souvent de Rif espagnol, et pour ne laisser aucun détail au hasard, même Tanger zone internationale bénéficie de sa frontière. Il va s'en dire que le reste du Maroc, ainsi découpé en mode makroud, est sous domination française. L'auteur, Ryad Hamadi, pourtant journaliste chez TSA depuis plusieurs années, semble nostalgique du «bon vieux temps des colonies». Le fan de Michel Sardou a, semble-t-il, oublié que l'Algérie est le pays au million de martyrs pour se libérer du joug de l'occupant français. Mais passons, n'enfonçons pas le poignard du parachutiste Jean-Marie Le Pen plus profond. L'article, qui se veut une analyse sur «le Maroc et l'obsession de la carte» (sic), témoigne donc d'une obsession coloniale et surannée de la carte du Maroc uniquement. Mais son auteur ne prend pas seulement un malin plaisir à découper en confettis la carte du Maroc, il est également fâché avec les faits. Il serait trop long de fact-checker les nombreuses erreurs factuelles contenu dans cet article, qui omet toute mention permettant de prévenir qu'il s'agit d'un billet d'opinion. Jeu de cartes : le joker journalistique Intéressons-nous plutôt à cette obsession des cartes qui rate l'essentiel : l'obsession algérienne de la carte d'un pays qui n'est pas l'Algérie. Car si le Maroc, représenté par son ministre des Affaires étrangères, est obsédé par la carte de son territoire, c'est parce qu'il défend son intégralité territoriale. Dans son analyse trouée comme un gruyère, TSA omet de parler de l'obsession algérienne de la carte… du Maroc. Comment justifier que des instructions gouvernementales algériennes considèrent comme casus belli toute présence d'une carte d'un pays qui n'est pas le leur dans un évènement officieux ou officiel ? C'est ainsi que le ministère algérien a lancé «une guerre aux cartes du Maroc incluant le Sahara occidental» En bon soldat, la douane algérienne a fait de cet ordre un motif pour jouer la chaise vide dans des évènements officiels en avril 2021, puis en février 2022. Avant même de sonner l'hallali contre les cartes du Maroc, cette même douane feuilletait les livres pour censurer tout bouquin qui oserait dessiner le royaume du Maroc dans son intégrité. Une volonté de censure qui dépasse le territoire algérien, puisque l'ambassadeur algérien à Paris s'est fendue d'une missive pour protester contre une carte du Maroc présente dans le magazine français Jeune Afrique. Alors Ryad Hamadi, journaliste à TSA, où est l'obsession ? Qui est l'obsédé ?