Malgré la hausse du taux directeur à 2%, les bénéfices des banques marocaines seront faibles, a indiqué ce jeudi Fitch Ratings, ajoutant s'attendre à «plusieurs autres hausses de taux» directeur en raison de la persistance d'une inflation élevée et d'un resserrement monétaire dans la zone euro et aux Etats-Unis. Dans une nouvelle analyse, l'agence de notation a estimé que ces hausses de taux prendront du temps à se traduire par des taux de prêt plus élevés» car «plus de 90% des prêts sont à taux fixe et environ 70% sont à moyen et long terme, contrairement à la plupart des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique». En outre, les avantages pour les banques seront compensés par la pression exercée sur les emprunteurs en raison de l'inflation et de la faiblesse des perspectives économiques à court terme du Maroc, qui maintiendront les charges de dépréciation de prêts (PFR) au-dessus des niveaux d'avant la pandémie, malgré une baisse continue. L'inflation annuelle était de 8% en août 2022 et Fitch s'attend à une moyenne de 6% en 2022 et de 4% en 2023, bien au-dessus des niveaux historiques, explique-t-on. L'agence rappelle avoir récemment réduit ses prévisions de croissance du PIB réel en 2023 de 4,2 % à 3,5% pour le Maroc, ce qui reflète, selon elle, des perspectives beaucoup plus faibles dans la zone euro, le principal partenaire commercial du Royaume. Enfin, les marges d'intérêt nettes devraient diminuer légèrement à court terme en raison de la réévaluation des passifs plus rapide que celle des actifs. Selon la Banque centrale, une hausse de 200 points de base des taux d'intérêt entraînerait une réduction à court terme de 300 points des marges d'intérêt nettes des banques. À moyen terme, les banques sont orientées vers une hausse des taux, car la forte réévaluation des prêts compensera largement la faible réévaluation de la base de financement, compte tenu de la forte proportion de comptes courants et d'épargne bon marché, poursuit l'analyse. Fitch Ratings dit s'attendre à ce que la rentabilité s'améliore en 2023, malgré le contexte économique plus faible. En effet, les charges de dépréciation des prêts devraient continuer de diminuer en raison des dispositions toujours solides liées à la pandémie établies en 2020-2021, tandis que les hausses des taux d'intérêt commenceront à se répercuter sur les taux d'emprunt. Et de rappeler que le revenu net agrégé des sept plus grandes banques a augmenté de 34% en glissement annuel pour dépasser les niveaux d'avant la pandémie, au premier semestre de 2022.