Dans une nouvelle analyse, l'agence internationale de notation Fitch Ratings a indiqué cette semaine que la rentabilité des banques marocaines a continué de se redresser au premier trimestre de l'année en cours. Toutefois, la faible croissance des prêts et la concurrence entre les banques pourraient limiter les avantages d'une hausse des taux d'intérêt. Alors qu'il s'est montré résilient face à la crise du Covid-19, la reprise se confirme pour le secteur bancaire au Maroc pour le premier trimestre de l'année en cours. «La rentabilité des banques marocaines a continué de se redresser, le bénéfice net global des sept plus grandes banques atteignant les niveaux d'avant la pandémie, stimulé par la baisse des charges de dépréciation des prêts (LIC)», indique mercredi Fitch Ratings. Dans une analyse, l'agence internationale de notation a dit s'attendre à ce que «la tendance positive se poursuive», bien qu'elle «pourrait être ralentie car les conditions économiques mondiales défavorables se répercutent sur l'économie locale et exercent une pression sur la qualité des actifs». En effet, le résultat net global des sept banques a augmenté de 21% en glissement annuel au T1 de 2022. L'amélioration a été tirée par une diminution de 21% en glissement annuel des charges de dépréciation des prêts, qui ont continué de chuter par rapport aux niveaux élevés de 2020-2021, lorsque les banques ont constitué des provisions importantes en début de période pour compenser les risques liés à la pandémie, explique la même source. «Nous pensons que la baisse des LIC reflète une stabilisation de la qualité des actifs. Le ratio des prêts non productifs (NPL) du secteur était de 8,7% à fin mars 2022, à peu près inchangé par rapport à fin 2021, et la croissance absolue des NPL a ralenti à 1,4 % au cours des quatre premiers mois de 2022», détaille l'agence. Celle-ci indique aussi s'attendre à ce que le rendement des fonds propres moyens des banques «s'améliore encore d'ici la fin de l'année 2022», tout en restant inférieur au niveau de 9,9% de 2019. Les taux de prêts en hausse Fitch Ratigs ajoute que le revenu net d'intérêts global des banques a augmenté de 0,6% au T1 2022, reflétant la baisse des taux d'intérêt et la croissance limitée des prêts. «Le taux de prêt moyen est tombé à 4,3 %, le plus bas depuis plusieurs années, mais les banques ont tout de même réussi à obtenir des résultats opérationnels positifs, en moyenne, malgré une augmentation de 5 % en glissement annuel des dépenses d'exploitation, entraînée par une hausse des coûts de personnel», note la même source qui dit s'attendre à ce que les taux de prêt augmentent en 2022-2023 en raison de l'augmentation du risque de crédit et des pressions inflationnistes. Dans ces conditions, «la banque centrale du Maroc pourrait relever son taux directeur en 2022, les taux d'intérêt réels étant négatifs depuis octobre 2021». Taux des prêts bancaires marocains par type de prêt. / DR L'agence reconnaît que «les banques marocaines en profiteront car la hausse des taux d'intérêt se répercutera sur les taux de prêt. Cependant, la faible croissance des prêts et la concurrence entre les banques pourraient limiter les avantages d'une hausse des taux d'intérêt. Fitch Ratings prévoit, dans ce sens, une croissance des prêts de 3% à 4% en 2022 (contre 2,8% en 2021), principalement tirée par les facilités de fonds de roulement à court terme pour répondre à la demande des entreprises en raison de la hausse de l'inflation et des prix des matières premières. Fitch Ratings rappelle qu'elle s'attend à une croissance du PIB réel du Maroc de seulement 1,1% en 2022 (contre 7,4% en 2021), qui passera à 3% en 2023. «Cependant, une croissance plus faible que prévu dans la zone euro (principal partenaire commercial du Maroc) ou des prix élevés de l'énergie et des denrées alimentaires pourraient présenter des risques pour les prévisions», conclut-elle.