Selon Fitch Rating, les cinq grandes banques continueront de fournir des mesures financières résilientes en 2022 malgré les risques actuels induits par la pandémie. Fitch Ratings vient d'annoncer l'achèvement de l'examen de cinq grandes banques marocaines qui représentant environ 77 % des actifs du système bancaire national. Il s'agit d'Attijariwafa Bank (AWB), de Bank of Africa (BOA), de Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH), de la Société Générale Marocaine de Banques (SGMB) et de la Banque Marocaine pour le Commerce et l'Industrie (BMCI). Hors AWB, les notations internationales et nationales pour les quatre autres banques sont confirmées . « La notation nationale à long terme d'AWB a été rehaussée à « AA (mars) »/Stable, reflétant le bilan prolongé de la banque en matière de performance résiliente, en particulier au cours du cycle récent, soutenu par un profil d'activité stable et diversifié et une croissance prudente. La notation nationale d'AWB est un cran au-dessus de celle de ses pairs nationaux mais en dessous des filiales de grands groupes bancaires français, SGMB et BMCI, car elles bénéficient du soutien potentiel de leurs actionnaires étrangers », explique l'agence de notation britannique dans un communiqué, publié ce vendredi. L'examen lui a également conduit à revoir ses perspectives sur l'environnement opérationnel des banques marocaines de stable à négative. D'après Fitch, cela reflète son opinion selon lequel « les risques induits par la pandémie sur l'environnement opérationnel se sont suffisamment atténués avec l'ouverture de l'économie et des marchés d'exportation du Maroc, et que, malgré les risques actuels, les cinq banques continueront de fournir des mesures financières résilientes en 2022 ». Fitch fait remarquer aussi que la qualité des actifs des cinq banques est restée conforme à ses attentes, soutenue par les mesures globales de soutien à la pandémie prises par les autorités en 2020. Alors que les mesures d'allégement de la dette ont pris fin en 2021 pour la plupart des emprunteurs, la qualité des actifs des banques a été soutenue par un fort rebond de la croissance du PIB estimé par Fitch à 6,2 % en 2021. Rentabilité, capitalisation
Pour les prêts douteux, leur ratio s'établi à 11,1% au premier semestre 2021. Pour l'année 2022, l'agence de notation s'attend à ce que le ratio s'améliore légèrement pour atteindre un peu moins de 11 % avec des recouvrements de prêts plus élevés et la poursuite de la reprise de l'activité commerciale.
Fitch souligne, par ailleurs, qu'elle est rassurée par la forte reprise de la rentabilité des banques marocaines, principalement tirée par la croissance des prêts et la baisse des charges de dépréciation, malgré le maintien du taux d'intérêt de référence à 1,5%. « Le rendement des capitaux propres (ROE) moyen consolidé des cinq banques est passé de 5,5 % en 2020 à 10,3 % au troisième trimestre 2021. Nous prévoyons un nouveau renforcement de la rentabilité cette année, bien qu'un retour au rendement des capitaux propres d'avant la pandémie d'environ 12 % semble loin », poursuit la même source. Fitch relève également le maintien de la capitalisation des banques en 2021. Elle indique, sans ce sens, que Bank Al-Maghrib a introduit en 2021, dans la lignée de ses efforts pour évoluer vers les meilleures pratiques internationales, un ratio de levier Bâle III minimum de 3%, que les cinq banques respectent relativement facilement. Les paramètres sont soutenus par une saine génération de capital interne, ajoute l'agence. Un élément positif clé soulevé par Fitch : les conditions de financement et de liquidité se sont avérées stables en 2020/2021. « Il n'y a eu aucune sortie de dépôts et les marchés nationaux des capitaux ont continué de bien fonctionner. Les dépôts de la clientèle, qui représentent l'essentiel du financement des banques marocaines, ont augmenté de 4 % en 2021. Les banques ont pu émettre localement des titres de capital Tier 1 et Tier 2 supplémentaires, ce qui a également renforcé leur profil de financement et les a aidées à mieux gérer leur liquidité. Décalages », explique-t-on. Fitch note enfin que ses préoccupations pour 2022 sont centrées sur une croissance économique plus faible que prévu (Fitch prévoit une croissance du PIB de 3,2 %), une reprise retardée du secteur touristique vital du pays, une inflation élevée (1,8 % en 2022) ainsi qu'un chômage élevé et soutenu (11,2 % en 2022).