La rentabilité des banques marocaines s'est fortement redressée au 1er trimestre 2021. La maîtrise des coûts sera cruciale pour la reprise des bénéfice s en 2021-2022, souligne Fitch Ratings. Dans une note, publiée le 21 juin, l'agence de notation financière américaine prédit, toutefois, qu'un retour complet à la situation d'avant la pandémie est peu probable avant au moins 2022. «Le résultat net agrégé des sept plus grandes banques marocaines a augmenté de 86% en glissement annuel au T1 2021. L'amélioration est due à une baisse de 28% en glissement annuel des charges de dépréciation des prêts suite à l'importante pré-alimentation des provisions en 2020, lorsque les banques ont recalibré leurs modèles IFRS 9 à la lumière de la pandémie et ont également appliqué des superpositions de gestion», explique Fitch Ratings. Pour mémoire, l'IFRS 9, une norme comptable internationale qui concerne le traitement des instruments financiers, est entrée en vigueur au Maroc depuis le 1er Janvier 2018. Ce système a été institué suite aux effets néfastes de la crise de 2008 sur la dépréciation des actifs détenus par la banque. Cette norme amène donc les banques à être encore plus regardantes sur le risque de crédit et son évolution dans le temps. Dans la présente note, l'agence de notation souligne également la baisse du ratio des charges pour dépréciation / résultat d'exploitation avant dépréciation des sept plus grandes banques à 39 % au premier trimestre de l'année en cours contre un taux de 62% en 2020 et de 25% en 2019. Elle table sur une poursuite du rythme baissier des provisions, mais elle anticipe qu'un retour aux niveaux de rentabilité prépandémie est peu probable avant au moins 2022 compte tenu de la lente reprise économique et de l'évolution encore incertaine de la crise sanitaire. Légère baisse des revenus nets d'intérêts Elle note aussi que les revenus des sept plus grandes banques ont légèrement augmenté au 1er trimestre 2021, principalement en raison des gains des activités de marché. Elle pense, toutefois, que les revenus nets d'intérêts ont légèrement diminué. L'agence de notation internationale estime, cependant, que la poursuite de l'amélioration pourrait être lente. « Les coûts de financement des banques ne bénéficient pas de manière significative des baisses de taux d'intérêt liées à la pandémie au Maroc, car la plupart des financements proviennent de comptes courants et de comptes d'épargne, où la possibilité de réduire les taux d'intérêt est limitée », explique-t-elle. Elle prévoit également que la croissance des prêts restera modeste en 2021, continuant d'être une contrainte sur la génération de revenus de commissions. Fitch pense donc que « la maîtrise des coûts sera cruciale pour la reprise des bénéfices en 2021-2022. Les banques avec une empreinte géographique plus large et une diversification des produits sont plus susceptibles de revenir rapidement à la rentabilité d'avant la pandémie, en raison des capacités de vente croisée et d'une croissance commerciale plus rapide sur certains de leurs marchés africains ». La pandémie a fait augmenter les crédits accordés au secteur privé Dans ladite note, l'agence de notation n'a pas manqué de rappeler que la croissance du crédit au secteur privé au Maroc a été alimentée en 2020 par deux programmes de prêts garantis par l'Etat à grande échelle : « Damane Oxygène » et « Damane Relance ». « Plus de 60 milliards de dirhams (équivalant à plus de 5% du PIB) de prêts ont été accordés dans le cadre de ces programmes en 2020, mais il n'y aura pas une telle impulsion en 2021 car l'essentiel du montant disponible a été utilisé », estime-t-elle. « Les prêts au secteur privé ont diminué de 1% au 1er semestre 2021 et nous nous attendons à ce qu'ils restent modérés en 2021, conformément aux conditions économiques actuelles. Cependant, les banques ayant des opérations internationales pourraient voir une croissance consolidée des prêts stimulée par leurs opérations sur des marchés à croissance plus rapide. Les opérations internationales représentent 20 à 30% des actifs consolidés des banques », prévoit Fitch Rating. A. CHANNAJE