A trois jours de la rentrée parlementaire, qui sera présidée par le roi Mohammed VI, les organisations féministes sont à cheval sur la question de l'égalité, estimant qu'elle devra figurer dans les priorités de cette session. L'ADFM insiste surtout sur les questions abordées lors du précédent discours royal. Vendredi 14 octobre, le roi Mohammed VI présidera la rentrée parlementaire au sein de l'hémicycle, avec un discours qui donnera les grandes lignes de la session à venir. Cette reprise interviendra trois jours après la Journée internationale de la fille, décrétée le 11 octobre par l'ONU. A cette occasion, l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) a réitéré son appel, ce mardi, pour une réelle consécration des mesures de lutte contre les inégalités hommes-femmes, particulièrement au niveau de l'exécutif. Dans un communiqué parvenu à Yabiladi, l'ONG a attiré l'attention des «pouvoirs publics et l'ensemble des acteurs concernés», notamment sur «les millions de fillettes et d'adolescentes doublement sujettes aux multiples formes de discrimination, en fonction du sexe et de l'âge». Pour l'association, cette journée est «une nouvelle occasion pour pointer les défis auxquels les filles marocaines sont confrontées au niveau de la santé, du bien-être, de l'éducation, de la participation et de la protection contre toutes les formes de violences physiques, psychologiques et sexuelles, réelles, virtuelles et symboliques». Les effets des violences fondées sur le genre «constituent une des principales questions qui interpellent, sur leurs insuffisances et carences, les lois relatives à la famille et à la violence à l'égard des femmes, parallèlement au système d'éducation et de formation», a souligné l'ADFM. Pour elle, l'abandon scolaire des filles, le mariage précoce/forcé et les stéréotypes sexistes véhiculés par l'école dès le jeune âge sont des facteurs importants qui «freinent le développement de l'estime/affirmation de soi et l'autonomisation des filles». Au Maroc, les femmes sont de plus en plus instruites et au chômage Rompre le cercle vicieux des «lois et mentalités discriminatoires» est de la responsabilité de plusieurs parties prenantes, «principalement le législateur et le gouvernement», plaide l'ONG. C'est ainsi qu'à trois jours de la rentrée parlementaire, elle rappelle l'importance de chantiers comme celui de «la refonte du Code de la famille et de l'ensemble des législations discriminatoires», ou encore la révision des programmes scolaires pour une «pédagogie transversale de l'égalité». Les pouvoirs exécutif et législatif appelés à traiter aussi les questions qui fâchent Contactée par Yabiladi, Khadija Rebbah, membre fondatrice de l'ADFM, insiste : «Tous ces points sont indissociables les uns des autres, en plus de ceux de l'égalité au niveau économique, de l'accès à l'emploi et d'équité même sur la question de l'héritage, qu'il est grand temps de mettre sur la table, puisque le discours royal du 31 juillet a appelé à réformer le Code de la famille.» «Si réforme égalitaire il y a, l'héritage ne fait-il pas partie de ce texte ? Pourquoi réformer ce dernier dans son ensemble, mais éviter encore de toucher à ce chapitre précisément ?» Khadija Rebbah - ADFM «Les réformes successorales égalitaires passent à la trappe des intérêts politiques» [Interview] Selon Khadija Rebbah, c'est le point le plus important dans cette étape, d'autant que «cette question a été abordée à plusieurs occasions et dans divers discours, dernièrement, à commencer par l'allocution du roi, montrant que la lutte contre les dispositions discriminatoires dans les lois et les politiques est l'un des chantiers actuels importants». Avec le Code de la famille, le Code pénal «conservent encore des dispositions à l'opposé du principe d'harmonisation avec la Constitution», rappelle la militante. Après un peu plus d'un an du nouveau mandat gouvernemental, Khadija Rebbah considère que l'exécutif doit aussi remplir son rôle dans la prise d'initiatives. En plus de l'accès à l'éducation, de l'autonomisation socio-économique, de la lutte contre la vulnérabilité et la traite des êtres humains, ainsi que la mise en place d'un cadre pour le droit à l'avortement, la militante considère «urgent» que l'Instance de parité et de lutte contre les inégalités «soit dotée d'une forme d'autorité lui permettant d'être entendue sur la mise en œuvre concrète de l'égalité».