L'intervention de l'Equateur à la 4e Commission de l'ONU a constitué une rupture. De tous les pays qui reconnaissent la «RASD», ce pays andin a plaidé pour une solution politique à la question du Sahara occidental, alors que le Polisario a mené, depuis des mois, une campagne de pression sur le gouvernement équatorien. La république de l'Equateur donne des soucis au Polisario. Certes le président Guillermo Lasso, en fonction depuis le 24 mai 2021, n'a pas retiré ou suspendu la reconnaissance de la «République arabe sahraouie démocratique (RASD)», mais les signaux envoyés par Quito ne sont pas rassurant pour le mouvement séparatiste. En témoigne, la teneur de l'intervention du représentant permanent de l'Equateur auprès de l'ONU, Cristian Espinosa, devant les travaux de la 4e Commission chargée des questions politiques et de la décolonisation. «La question du Sahara occidental requiert une solution politique mutuellement acceptable, conformément à la résolution 2602 adoptée en octobre 2021 par le Conseil de sécurité», rapporte l'agence de presse du Polisario. Un texte que le Polisario et l'Algérie rejettent, en raison de son appel à poursuivre le cadre des Tables rondes, initié par l'ancien émissaire de l'ONU au Sahara, l'Allemand Horst Köhler, avec la partcipation du Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et le Polisario. L'allocution d'Espinosa constitue une rupture, alors que les autres déclarations des ambassadeurs des pays d'Amérique latine, reconnaissant la «RASD» ont insisté sur le «droit du peuple sahraoui à l'autodétermination» et à «la décolonisation» du territoire. En témoignent les interventions depuis la même tribune des représentants du Mexique, du Pérou et du Nicaragua. Malgré l'ouverture sur le Maroc, le Mexique défend le Polisario à l'ONU Le Polisario fait pression sur Quito pour éviter la séquence 2004-2006 Le Polisario a tenté de modifier la position de l'Equateur à la 4e commission de l'ONU en sa faveur, et ce, en envoyant une délégation de ses pétitionnaires au siège de la mission permanente de l'Equateur auprès des Nations unies à New York. «L'objectif de la visite est de transmettre au gouvernement équatorien, par l'intermédiaire de ses représentants diplomatiques auprès des Nations unies, la ferme conviction que l'Equateur maintiendra sa position historique en faveur du droit à l'autodétermination des peuples et son soutien à la pleine indépendance et la souveraineté du Sahara occidental», indique l'agence de presse du Front. L'ambassadeur Cristian Espinosa n'a pas reçu les pétitionnaires du Polisario, laissant son adjoint se charger de cette mission. Ce coup de pression sur l'Equateur n'est pas le seul. Depuis son installation, fin juillet à Quito, le nouvel «ambassadeur» du Polisario, Ahmed Mohamed Hameiduha, a enchainé les réunions avec les hauts responsables de ce pays d'Amérique du sud. Il a saisi, le 5 août, l'opportunité de remettre les copies de ses lettres de créances pour s'entretenir avec le ministre des Affaires étrangères, Juan Carlos Holguín. Il s'est réuni également avec la vice-présidente du Parlement. Le mardi 4 octobre il a présenté ses lettres de créances au président de la république aux côtés des ambassadeurs de l'Egypte, Chili, Canada, Argentine et Iran. Une réception totalement éclipsée par l'intervention de l'ambassadeur équatorien à la 4e Commission de l'ONU. Son allocution rejoint les déclarations du vice-ministre équatorien des Affaires étrangères, en septembre 2019 à Rabat. Andrés Terán. Au terme de sa réunion avec Nasser Bourita, le diplomate avait appelé à une solution «réaliste, pragmatique et durable» au différend du Sahara occidental. Le retrait de la reconnaissance de l'Equateur à la «RASD» a été évoqué pour la première fois sous la présidence de Lenin Moreno (2017-2021). L'arrivée au pouvoir du milliardaire Guillermo Lasso relance ce projet. L'Equateur a déjà rompu ses relations avec la «RASD» entre 2004 et 2006.