De plus en plus d'imams prennent la destination des pays du Golfe pour y travailler. Les considérations personnelles n'expliquent pas à elles seules cet exode des religiieux, s'opposer à la doctrine wahabite en est l'autre objectif. Les mosquées marocaines seraient-elles sur le point de se vider des imams expérimentés? Nombreux sont en effet les religieux qui fuient le royaume vers des horizons prometteurs. Les Emirats arabes unis et le Koweït, notamment, sont les destinations favorites des religieux. Dans les pays du Golfe, les rémunérations sont très motivantes, aucune comparaison avec les 1000 dh mensuels que leurs versent le ministère des Habous et des Affaires islamiques. Une misère. Et pourtant, leur rôle dans la consolidation de la monarchie est d'une importance capitale. A la veille du référendum du 1er juillet 2011 sur la constitution, le département de Ahmed Taoufiq a enjoint tous les imams du Maroc de consacrer exclusivement le prêche du vendredi, coïncidant avec le jour du vote, à encourager les fidèles à déposer les bulletins portant le «oui» dans les urnes. Normalement cette proximité avec les citoyens devrait leurs assurer des salaires meilleurs, mais ce n'est pas encore le cas. Il y a justement un an, des imams avaient battu le pavé des principales avenues de Rabat, réclamant moins de contrôle de leurs prêches de la part du ministère des Affaires islamiques et une amélioration de leur condition sociale. Une première au Maroc. Les religieux, même en djellaba blanche, ont eu droit à la matraque. S'opposer au wahabisme dans le Golfe «Certes cet exode des imams marocains vers les pays du Golfe n'est pas nouveau, seulement il s'est intensifié ces dernières années. Pour mieux cerner ce phénomène, il est impératif de le mettre dans son contexte général. En effet, nous sommes en face de l'une des conséquence de la structuration du champ religieux, initiée en 2004 par le roi Mohammed VI dans son discours à l'occasion de l'Aid Al Maoulid», explique Driss Ganbouri, spécialiste des mouvements islamistes. «Une stratégie qui ne cache pas son opposition au wahabisme aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. Si l'implantation de cette doctrine extrémiste a été favorisée sous le règne de Hassan II et de son ministre aux Affaires islamiques, Abdelkébir Lamdeghri, les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca ont complètement changé cette donne. Les pays du Golfe, à l'instar du royaume, ont désormais le même objectif. C'est la raison pour laquelle, ils recourent à nos imams, réputés modérés. Même l'Arabie saoudite, pourtant wahabite, commence à prendre ses distances avec cette mouvance et tolère le soufisme. Lequel occupe une place dans de choix dans le système religieux étatique au Maroc», ajoute Ganbouri.