L'implantation du wahabisme dans le monde La doctrine wahabite prône un islamisme pur, radical et intransigeant. Une véritable idéologie de la “ guerre sainte ” qui conduit certains groupes fanatiques à commettre des actes suicidaires spectaculaires. Aujourd'hui, le Wahabisme, doté d'énormes moyens financiers et politiques, s'efforce par divers moyens, dont les organisations panislamiques qu'il domine, de propager la doctrine wahabite et sa vision de la société dans tout le monde musulman. Grâce à l'argent du pétrole, le Wahabisme est en train de supplanter progressivement l'Islam sunnite. Dominant une grande partie de la péninsule arabique, il s'insinue grâce aux subsides arabes en Egypte et chez les Palestiniens, en Algérie, et dans l'Islam d'Europe et d'Asie. Il y parvient par l'argent, mais surtout par un cortège d'attentats spectaculaires. Leur but est toujours le même, frapper l'imagination, faire peur et déstabiliser, pour conquérir. Le phénomène wahabite est tellement important que certains spécialistes commencent à parler de l'internationalisation du Wahhabisme. L'incubation des réseaux wahabites en Afghanistan et en Tchétchénie en est une parfaite illustration de cette nébuleuse puritaine. Par le passé, les USA se sont appuyés sur les mouvements islamistes, particulièrement sur Ben Laden et les Talibans, pour contrer l'Armée Rouge et ils ont financé par dizaines de millions de dollars la propagande wahabite en Afghanistan mais également en Asie centrale, et partout dans le monde. De fait, la guerre d'Afghanistan a été une fabrique de cadres pour le mouvement wahabite. C'est d'ailleurs l'avis d'Yves Lacoste qui estime que le Wahabisme subversif a favorisé la recrudescence de la “ guerre sainte ” à l'échelle mondiale. A ce niveau, il apparaît que l'Arabie joue un rôle central dans l'exportation d'un Wahabisme belliqueux dont Ben Laden est le plus pur produit au niveau international. D'après Laurent Mouravich, expert d'un institut stratégique américain, l'Arabie Saoudite est la véritable matrice d'un Wahabisme radical et terroriste. Cependant, selon certains spécialistes de cette région, l'idée que l'Arabie serait le noyau central du Wahabisme terroriste sert tout simplement le projet américain de recomposition hégémonique du Moyen-Orient. D'autres experts voient dans la propagation spectaculaire du Wahabisme radical dans la région un danger éminent qui risque même de torpiller le leadership de l'Arabie Saoudite. Une toile d'araignée nommée “Al Qaida” En 1990-1991, lors de la guerre du Golfe, l'Arabie Saoudite, en acceptant notamment la présence de soldats non musulmans et occidentaux sur ses terres, a contrevenu à l'une des règles essentielles de l'Islam rigoriste wahabite. Rappelons que c'est là l'un des nombreux griefs que portent Oussama Ben Laden et ses proches (Wahabites saoudiens ou yéménites) à l'égard de l'Arabie Saoudite et des Etats-Unis. Imprégné par la doctrine wahabite, ce milliardaire saoudien va profiter de la guerre afghane contre la Russie pour mettre sur pied un réseau islamiste des plus sophistiqués. D'après, R. Jacquard, président de l'Observatoire international du terrorisme, Al Qaida compte près de 25.000 “ Moujahidines” dispersés dans ce réseau qui étend ses tentacules de l'Asie à l'Afrique. Leurs principales sources de financement sont principalement les banques de dépôts islamiques et les associations caritatives. Leurs actes sanguinaires sont impitoyables à l'image des attentas du 11 septembre. Au niveau spirituel, “ ces cavaliers d'Allah ” sont guidés par des chefs religieux, tantôt connus, tantôt inconnus, qui prononcent des fatwas exécutées ensuite par le chef d'Al Qaïda. Car sans ces fatwas, ce dernier n'a pas le droit, du point de vue religieux d'appler “ la guerre sainte ”. Du coup, Ben Laden ne serait que le relais d'oulémas saoudiens, des pays du Golfe ou d'Algérie. En fait, beaucoup d'Imams saoudiens, particulièrement de la province d'Assir, un fief wahabite, feraient partie de ce consistoire des maîtres à penser du “Jihad”. Le néo-wahabisme tchétchène En Tchétchénie, le wahabisme apparu à partir des années soixante-dix, s'est développé au contact des Musulmans de l'extérieur, notamment des Saoudiens. Ils apportent beaucoup d'argent et des armes. Un millier de personnes sont envoyées dans les pays arabes pour se former. À ce niveau, le rôle des “ madrasas ” a été capital dans la formation des futurs combattants du “Jihad”. Sur le plan institutionnel, Moscou a même soutenu la propagande wahabite (des textes de propagande distribués à la population sont imprimés à Moscou) dans le but d'introduire une division dans la société tchétchène. Au début de la décennie 90, l'un des premiers chefs de la résistance séparatiste tchétchène, Djokar Doudaiev, avait inscrit son mouvement dans une généalogie néo-wahabite, usant des moyens spectaculaires et suicidaires que cette idéologie met en usage pour étendre un islamisme radical et souvent impitoyable. Entre 1995 et 1998, l'opposition entre les confréries soufies et le wahhabisme, arrive jusqu'au conflit armé. C'est pourquoi, quand le Président Mashadov est élu en janvier 1997, il nomme des ministres wahabites pour désamorcer le conflit. Finalement, les wahabites ont le dessus. Bien plus, le Wahabisme a continué à s'étendre dans la clandestinité et Basaïev, leader wahabite, (réhabilité aux yeux des Tchétchènes) fait front commun contre la machine de guerre russe. Dans ce contexte, la guérilla a été menée par l'émir Khattab, d'origine saoudienne, puis par de petites formations wahabites. Après la mort des premiers moujahidines, c'est Mosfar Baraiev, neveu de Larbi Al Wahabi, qui reprend le “ glaive de Dieu”, dans le style de Ben Laden, avec ferveur, détermination et glorification du martyre. Cette résistance, elle-même impitoyable et sanguinaire est financée par Al Qaïda. En gros, il ressort que la propagation de la doctrine wahabite n'est pas due seulement aux efforts des Oulémas saoudiens qui prônent le “ Jihad ”, mais aussi et surtout aux politiques irresponsables des Etats-Unis et de la Russie qui ont encouragé le Wahhabisme pour solutionner les conflits. Les Américains ont bel et bien financé le Wahhabisme en Afghanistan pour contrer l'Armée Rouge. De même que les Russes ont soutenu la propagande wahhabite dans le but d'introduire une division dans la société tchétchène. Un jeu dangereux qui a propulsé les actes suicidaires, de certains groupes islamistes, à un niveau catastrophique. Curieusement, le terrorisme est en partie le feed-back d'une politique irresponsable des Etats-Unis d'Amérique et de la Russie : toutes les deux ont financé la propagande wahhabite en Afghanistan et en Tchétchénie ! Le Wahabisme en quelques mots Ibn Wahab est partisan du retour à la pureté originelle de l'islam. Il condamne les pratiques populaires, interdit le tabac, la musique, la mixité publique entre hommes et femmes et impose le port de la barbe aux hommes. Au 18e siècle, Ibn Wahab proclame la guerre sainte “Jihad” contre les deux courants principaux de l'islam : sunnite et chiite. Le Wahabisme peut être considéré comme la première grande manifestation moderne du réveil de l'Islam au 18e siècle, qui inspira de nombreux mouvements politico-religieux luttant contre la domination turque et l'influence des puissances européennes.