Bien que les pluies torrentielles toutes récentes y aient mis un terme, la sécheresse exceptionnelle qui s'est abattue sur le Maroc cette année menace-t-elle de faire grimper les prix du mouton ? Eléments de réponse ci-après. A quel prix sera vendu le mouton cette année ? A moins d'un mois de la célébration de l'Aïd Al-Adha, prévue pour le 26 octobre prochain, voici probablement l'une des préoccupations majeures de la population marocaine. Augmentation ? Diminution ? Statu quo ? Alors que les portefeuilles des ménages s'affûtent en prévision des dépenses à venir, leurs esprits s'érodent déjà sur la question de savoir si à la sécheresse exceptionnelle qui a sévi sur le royaume cette année s'opposera la fuite de leurs deniers si durement acquis. En d'autres termes, les aléas climatiques de ce début d'année provoqueront-ils une flambée des prix du mouton en 2012 ? «Les prix ne vont pas changer. Qu'ils s'agissent des moutons ou des caprins en général, l'offre est là. Et ce qui conditionne les prix, c'est l'offre» affirme le directeur provincial d'agriculture de la région Rabat, Salé, Zemmour, M. Abdel Moumen Belhadri. Puis d'embrayer : «Selon la qualité et la race, les prix varieront évidemment. Mais ils varieront comme ils le font chaque année, car la qualité, ça se paie !» Les agriculteurs, principaux perdants Si les propos de M. Belhadri ont de quoi réconforter les ménages marocains, qui vont, d'après Le Soir, budgétiser l'achat du mouton sur le salaire du mois de septembre, ils n'apportent en revanche aucun soulagement aux éleveurs nationaux qui s'inquiètent depuis de nombreux mois déjà des conséquences de l'absence de pluie sur la revente de leur bétail. «Ce sont eux qui vont le plus pâtir de la sécheresse», assure Said Fagouri. Pour le directeur de l'Association nationale des ovins et caprins (ANOC), le manque de précipitations en 2012 a eût un «impact énorme» sur les prix de l'orge dont se nourrissent les moutons. Heureusement, «l'Etat marocain a injecté de l'orge subventionné», ce qui a permis de soulager la pression exercée sur le portefeuille des éleveurs. Ce faisant, bien qu'elle soit subventionnée, la granule coûte toujours plus cher que l'herbe des pâturages qui a fait défaut cette année et dont se nourrit habituellement le bétail. Doit-on donc s'attendre à un impact indirect de son utilisation sur les prix des bovidés ? Des moutons de moins bonne qualité «Pas du tout. Ou très peu en tout cas» répond M. Fagouri. «L'offre est très importante cette année, alors que la demande demeure inchangée. Ce qui va se passer, c'est que les agriculteurs vont devoir réduire leur marge de bénéfice car ils sont dans l'obligation de vendre leur bétail. Et ceci, non seulement parce que les moutons deviennent impropre à la consommation passé une certaine date, mais qu'aussi, leur élevage coûte plus qu'il ne leur rapporte passé un certain poids.» Les kessabas préfèreront donc brader leur bétail plutôt que de devoir mettre la main à la poche et prendre le risque de ne pas l'écouler. Ce rabais parait d'autant plus envisageable que la qualité des moutons n'est pas au rendez-vous cette année, nous confie le vétérinaire. Cela dit, comme dans le cas de l'offre, la demande devrait faire ici office de variable d'ajustement et empêcher les prix de trop fluctuer. Un communiqué du ministère de l'Agriculture est attendu la semaine prochaine sur le sujet.