Après le report sine die de la visite de De Mistura à Laayoune et Dakhla, l'ONU a été contrainte de défendre la «liberté de mouvement» de son envoyé spécial. Une réponse indirecte destinée à l'Algérie et au Polisario qui accusent le Maroc d'entraver le programme de De Mistura. L'annulation de la visite de Staffan de Mistura au Sahara occidental a été au coeur du point de presse de ce mardi 5 juillet du porte-parole du secrétaire général de l'ONU. La version présentée lundi, par les services d'Antonio Guterres peine à convaincre les médias. En témoignent les questions posées à Stéphane Dujarric portant toutes sur les causes exactes du report sine die des déplacements de l'émissaire onusien à Laayoune et Dakhla. «Il n'a pas perdu sa liberté de mouvement (…) Il a le contrôle sur où il veut aller, c'est sa propre décision», a déclaré le Français. Lundi, Dujarric a annoncé dans un communiqué, que «l'envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, est à Rabat pour rencontrer des responsables marocains. Il a décidé de ne pas se rendre au Sahara occidental pendant ce voyage, mais se réjouit de le faire lors de ses prochaines visites dans la région». Une déclaration immédiatement contestée par l'Algérie et le Polisario. La première a accusé le Maroc de «saboter les efforts de De Mistura» alors que le mouvement séparatiste a pointé du doigt une manifestation de «l'obstructionnisme de l'Etat occupant du Maroc». En 2015, le royaume avait déjà interdit à Christopher Ross de se rendre au Sahara. «Il n'a rien à faire ici. C'est hors de question qu'il aille se réunir avec qui il veut à Laâyoune. Lorsque Christopher Ross vient au Maroc, il vient pour se réunir avec les responsables marocains, et ceux-ci se trouvent dans la capitale, c'est-à-dire à Rabat», avait affirmé l'ancien ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, dans des déclarations à la presse. Pas de tournée en Algérie et dans les camps de Tindouf Le point de presse de ce mardi 5 juillet a été l'occasion pour l'ONU de sortir de sa réserve pour annoncer officiellement qu'après l'étape marocaine, De Mistura ne prévoit pas de se rendre en Algérie, dans les camps de Tindouf et en Mauritanie, comme il l'avait fait en janvier dernier. «Il y aura des occasions pour visiter les autres parties», a déclaré Stéphane Dujarric. Pourtant, lors de son point de presse du vendredi 1er juillet, le porte-parole a affirmé que De Mistura «envisage de mener une nouvelle phase de visites auprès de tous les interlocuteurs concernés de la région dans les prochains jours». Hier, l'envoyé de l'Algérie au Sahara occidental, Amar Belani, a précisé pour sa part que le déplacement de De Mistura se limite «au Maroc, en sa qualité de partie au conflit qui occupe illégalement un territoire non autonome, et d'une visite dans les territoires sahraouis occupés, plus précisément à Laayoune et à Dakhla». Lors de son point de presse de ce mardi, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU a botté en touche une question sur un éventuel véto de l'Algérie et le Polisario de recevoir De Mistura. «Je pense que si le Polisario… Le Polisario a le droit de poser des questions, mais je pense que je les encouragerai à contacter directement le bureau de M. De Mistura. Ils n'ont pas besoin de moi comme intermédiaire», a-t-il répondu en tenant à épargner Alger. «Le Polisario a refusé de recevoir l'Italo-Sudéois. Il a exigé de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU de se rendre d'abord au Sahara occidental et non à Rabat», ont précisé des sources au Front dans des déclarations à l'agence EFE. Ce mardi, à Rabat, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a reçu Staffan de Mistura. Des entretiens qualifiés d' «utiles» par Stéphane Dujarric. Sur les circonstances de la visite de De Mistura à Rabat, Bahi Larbi Ennass, un ancien haut officier de l'armée du Polisario de 1982 à 1992, président du «Centre de paix, des études politiques et stratégiques», basé à Laayoune, affirme auprès de Yabiladi qu' «elles laissent transparaitre que le processus de paix et l'engagement des parties ne sont pas dans de meilleures conditions». Et d'expliquer qu' «il y a eu le refus de l'Algérie de prendre part dans toute initiative de négociations alors que le Maroc exige la participation de son voisin de l'Est dans de nouveaux pourparlers. Le flou ayant entouré le programme de De Mistura laisse suggérer qu'il n'est pas parvenu à convaincre les parties de fixer un agenda précis de sa tournée. Ces indicateurs convergent vers la conclusion suivante : De Mistura a du pain sur la planche pour relancer les négociations, en rade depuis mars 2019».