Quelques jours avant la rentrée scolaire, un collectif d'associations musulmanes a adressé au ministre de l'Education français, Vincent Peillon, une lettre ouverte qui l'exhorte à abroger la circulaire interdisant aux femmes voilées d'accompagner leurs enfants en sorties scolaires. Cette demande, qui est resté depuis lettre morte sur son bureau, met à nouveau en exergue les faux-fuyants d'un gouvernement qui commence déjà à cumuler les retards sur promesses. «Le changement, c'est maintenant». Tel était le slogan de la campagne présidentielle de François Hollande en mai dernier. Encore aurait-il fallu qu'il spécifie la nature du changement prophétisé. A l'aune de cinq mois de politique intérieure sous son capitanat, le pédalo France semble en effet poursuivre son rétropédalage dans le sens du changement qui rame et des promesses faites mais jamais honorées. Pour preuve, après son engagement visant à accorder le droit de vote aux étrangers en mai dernier – qui vient d'être renvoyé aux calendes grecques par le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls –, le président de la normalité française et son gouvernement ont, semble-t-il, décidé de poursuivre leur politique de l'anguille sur les sujets sensibles. En atteste le cas de ces mères voilées dont la demande d'abroger la circulaire Chatel, qui les empêche d'accompagner leurs enfants en sortie scolaire, est restée lettre morte sur le bureau du ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon. «Plus qu'une abrogation de la circulaire Chatel, nous vous demandons des directives claires pour arrêter l'exclusion de mamans des sorties scolaires de leurs enfants» ont-elles demandé au ministre de l'Education Nationale, dans une lettre ouverte rendue publique le 5 septembre dernier, rapporté par Le Monde. Au nom du principe de «laïcité et de neutralité du service public», le précédent ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, avait en effet publié une circulaire en mars dernier dans laquelle il préconisait d'empêcher aux mères portant des «tenues (…) religieuses» d'accompagner leurs enfants au cours des sorties scolaires. Bien qu'elle n'ait aucune valeur coercitive, cette circulaire avait provoqué depuis l'exclusion de nombreuses mères voilées des sorties scolaires de leurs enfants, pas toujours pour des motifs explicités d'ailleurs. La politique de l'anguille Regroupées dans un collectif d'associations principalement musulmanes, parmi lesquelles l'association «Maman toutes égales» (MTE), de nombreuses femmes voilées de France se sont donc mobilisés en cette rentrée scolaire pour faire pression sur le nouveau ministre afin qu'il n'abroge la circulaire. Mais cette tentative a fait chou blanc, M. Peillon évitant soigneusement de s'exprimer sur le sujet, à l'instar de son patron présidentialisé, François Hollande. A gauche, où l'on a conscience qu'il s'agit d'un dossier «délicat», la position officielle se fonde de fait sur «la jurisprudence actuelle». Celle-ci repose sur un jugement du tribunal de Montreuil (Seine-Saint-Denis) de novembre 2011 qui avait donné raison à une école interdisant le port de signes religieux à des parents qui souhaitaient accompagner la sortie scolaire de leurs enfants. Pour le moment, le seul à s'être aventuré à une prise de positions courageuse sur le dossier est Manuel Valls. Il s'est dit contre l'abrogation de la circulaire – autrement dit, pour le maintien de l'interdiction. Après, reste à savoir si le ministre de l'Intérieur a agi ici en franc-tireur ou bien en mandaté du gouvernement, avec pour mission d'émettre une position franche sur le sujet afin de jauger les tendances du baromètre électoral. Difficile de savoir. Toujours est-il que le zèle du candidat Hollande contre les discours qui incitent à la division semble aujourd'hui avoir laissé place à la complaisance du président François contre les lois qui l'institutionnalisent.