La gouvernance migratoire du Maroc est structurée par une «logique humaniste», mais malheureusement pervertie par les actions criminelles des réseaux de trafic, a affirmé, dimanche à Rabat, le wali directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l'Intérieur, Khalid Zerouali. Les enjeux, «au-delà de la mobilité, intègrent un paradigme cardinal centré autour de l'Être humain dans la sacralité de ses droits fondamentaux», a-t-il souligné, lors d'une rencontre sur la question migratoire ayant réuni des responsables du ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, ceux de l'Intérieur et les ambassadeurs et représentants du corps diplomatique africain accrédité au Maroc. C'est cette logique qui structure aujourd'hui la gouvernance migratoire au Maroc autour de la Stratégie nationale d'immigration et d'asile (SNIA), initiée en 2013 et qui a consacré cette approche solidaire et inclusive inscrite dans la continuité de la vocation éminemment africaine du Maroc, a-t-il dit. Dans ce sens, le responsable a déploré que «cette dimension noble et vertueuse de la migration» soit «pervertie par les actions criminelles des réseaux de trafic, qui exploitent la vulnérabilité des victimes et les poussent dans des aventures dangereuses et meurtrières». Khalid Zerouali a fait observer que ces réseaux «usent de stratagèmes d'une grande violence, notamment lors des assauts planifiés de façon quasi-militaire, avec des assaillants aux profils de miliciens et d'anciens militaires issus de pays déstabilisés par la guerre et les conflits». Qualifiant ce qui s'est passé, vendredi dernier au niveau de la clôture frontalière entre Nador et Melilla de «véritable drame que nous déplorons», Zerouali a indiqué que les autorités marocaines mènent, contre ces réseaux de trafic, une lutte sans merci avec plus de 1 300 réseaux démantelés les cinq dernières années (256 en 2021 et 100 jusqu'à mai 2022). Le responsable a précisé que plus de 145 assauts ont été repoussés autour des deux enclaves espagnoles depuis 2016 (50 en 2021 et 12 jusqu'à mai 2022), assurant que plusieurs éléments des forces de l'ordre, qui ont toujours agi avec professionnalisme et dans le respect total des lois et des règlements, sont blessés au cours de ces assauts. De même, a-t-il ajouté, plus de 360 000 tentatives d'émigration ont été mises en échec depuis 2017 (63 000 en 2021 et 26 000 jusqu'à mai 2022). Khalid Zerouali a aussi fait remarquer que l'environnement régional, le contexte post-Covid, la guerre en Ukraine et la crise alimentaire qui se profile exacerbent le défi migratoire et nécessite plus que jamais des actions concrètes en termes de solidarité agissante et d'appuis pluriels. Pour le responsable, «les pays du Nord doivent privilégier un prisme équilibré dans leur approche qui ne doit pas être imprégnée du tout sécuritaire, mais basée sur des solutions structurelles autour du développement durable des pays d'origine et de l'encouragement de la mobilité légale entre les deux rives».