Washington accueille, ce jeudi, la première session du dialogue stratégique entre le Maroc et les Etats-Unis qui réunit le ministre marocain des affaires étrangères, M. Saad Ed-dine El Othmani, et son homologue américaine, la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton. Marquant le point culminant des relations bilatérales maroco-américaines, cette rencontre a pour objectif de porter le partenariat entre Washington et Rabat à un niveau de coopération encore plus avancé. Les détails. C'est aujourd'hui, jeudi 13 septembre, que démarrera à Washington la première session du dialogue stratégique et de coopération militaire entre le Maroc et les Etats-Unis. Cette rencontre au sommet sera co-présidée par le ministre marocain des affaires étrangères et de la coopération, M. Saad Ed-dine El Othmani, et son homologue américaine, la secrétaire d'Etat, Mme. Hillary Clinton, rapporte l'Economiste. Elle vise à porter le partenariat maroco-américain à un niveau plus avancé de développement à un moment où des rumeurs font état d'un refroidissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Selon ces dernières, les passages successifs de Christopher Ross, Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, et de Kerry Kennedy, présidente de l'association éponyme, au Sahara ces dernières semaines, auraient jeté un froid dans les relations bilatérales qu'entretiennent Rabat et Washington. Des rumeurs farfelues auxquelles le dialogue de haut niveau lancé aujourd'hui vient de tordre le cou. Hillary Clinton l'avait d'ailleurs annoncé : «Les relations entre le Maroc et les USA continueront de se raffermir au service des objectifs que les deux pays ont en commun» avait-elle déclaré à l'occasion de la fête du trône, le 30 juillet dernier, ajoutant par ailleurs, qu'«ensemble, nous œuvrons à l'intensification des échanges commerciaux, culturels, éducatifs, ainsi qu'à la consolidation de la sécurité dans la région». Vers l'intensification de la coopération économique Plusieurs questions d'importance seront en effet abordées au cours de cette première session du dialogue stratégique. Concernant la coopération économique maroco-américaine tout d'abord, celle-ci devrait se poursuivre, voire-même s'intensifier. Depuis la signature de l'accord de libre-échange (ALE) en 2006, les échanges entre le Maroc et les Etats-Unis ont de fait augmenté de 147%. Bien que cet accord ait davantage profité à ces derniers, il s'est traduit par l'arrivée de nombreux investisseurs américains dans le Royaume. Une arrivée si importante d'ailleurs qu'aujourd'hui, le pays de l'Oncle Sam représente le troisième partenaire commercial du Maroc, avec 7,2% des échanges commerciaux globaux, dont 8,5% en termes d'importations, ce qui en fait également le 3ème fournisseur derrière la France et l'Espagne, selon les chiffres de l'Office des Changes. Le Maroc : un modèle régional Ce dialogue ne va pas se limiter aux seules questions d'intérêts économiques. De l'avis de la journaliste Jennifer Rubin du Washington Post – dont les propos sont relayés ici par les Echos Quotidiens –, les «Etats-Unis (...) ont [également] besoin d'un nouvel allié stable au Moyen-Orient, un point d'ancrage dans la région que le nouveau partenariat américano-marocain pourrait constituer comme seule voie de succès». Le Maroc a en effet tous les atouts stratégiques et géopolitiques pour devenir cet allié de poids car en plus de sa stabilité politique, mise en exergue par sa résistance aux soubresauts du printemps arabe, le royaume fait figure de modèle régional en termes de réformes entreprises vers la mise en place d'une économie moderne et l'instauration d'un état de droit. «Si d'autres pays veulent construire des relations étroites avec les Etats-Unis, y compris les avantages économiques et de prestige diplomatique qui vont avec, alors ils devraient prendre des mesures pour moderniser leur économie, renforcer la primauté du droit, étendre les droits des femmes et accroître les libertés civiles. C'est ce qu'a fait le Maroc sous Mohammed VI durant la dernière décennie» souligne en ce sens l'éditorialiste du Washington Post. L'instauration de ce dialogue bipartite constitue donc pour elle, comme pour de nombreux responsables marocains, le «couronnement d'une relation lentement construite sur plus de treize ans de règne de Mohammed VI.» Le Maroc comme garde-fou régional des intérêts américains Ce dialogue stratégique vient en outre raffermir une «relation et coopération déjà fortes» entre les deux pays, notamment en matière de coopération militaire, écrit le journal. Washington ne peut en effet continuer à ignorer ce qui se passe en Afrique subsaharienne, ni même au Sahara, où la collusion entre le Front Polisario et l'AQMI (Al Qaida du Maghreb Islamique) a récemment alerté les autorités américaines. La problématique du terrorisme qui se développe dans cette région de l'Afrique ne peut être solutionnée par la seule revente d'armes. Les Etats-Unis, qui viennent de célébrer ce mardi, le 11ème anniversaire des attentats du 11 septembre, n'en ont que trop conscience, d'où la nécessité pour eux d'établir au plus vite une coopération franche avec le Maroc. L'objectif tacite du lancement de ce dialogue– qui s'apparente de près à une tête de pont diplomatique –, consiste vraisemblablement à faire du royaume l'un des garde-fous des intérêts US dans la région. Du temps de la guerre froide, le bloc soviétique avait ses états-satellites, inféodés militairement à l'hégémonie de l'URSS; aujourd'hui, les Etats-Unis ont leurs états-indic, subjugués diplomatiquement à la toute-puissance de l'Oncle Sam.