Le Maroc continue de ménager la Russie, engagée depuis le 24 février, dans une invasion de l'Ukraine. En témoigne, sa réaction à la condamnation à mort de Brahim Saadoun par les séparatistes à Donetsk. Après un silence de quelques jours, le Maroc a fini par réagir timidement à la condamnation, jeudi 9 juin, à la peine capitale pour Brahim Saadoun par un tribunal du territoire Donetsk, contrôlé par des séparatistes pro-Russie. L'étudiant marocain «enrôlé dans l'armée ukrainienne de sa propre volonté, se trouve actuellement emprisonné par une entité qui n'est reconnue ni par les Nations unies ni par le Maroc», ont indiqué, hier soir, des sources de l'ambassade du royaume à Kiev dans un communiqué relayé par la MAP. «M. Saadoun est capturé portant l'uniforme de l'armée de l'Etat d'Ukraine, en tant que membre d'une unité de la Marine ukrainienne», ajoutent les mêmes sources. Et de conclure en insistant «dans ses déclarations, l'intéressé a confirmé s'être enrôlé, de sa propre volonté, dans l'armée ukrainienne (…) il a même indiqué disposer de la nationalité ukrainienne, une information qui a été, par ailleurs, confirmée par son père». Ménager la Russie Dans leur communiqué, les «sources à l'ambassade du Royaume à Kiev» se sont gardées de lancer un appel aux autorités russes pour libérer le ressortissant marocain. Pourtant, les Nations unies ont condamné le verdict prononcé contre Saadoun et les deux citoyens britanniques par un tribunal d'une «république» qui n'est pas reconnue par la communauté internationale, à l'exception de la Russie. «Depuis 2015, nous avons observé que le soi-disant système judiciaire de ces républiques autoproclamées ne satisfait pas aux garanties essentielles d'un procès équitable (...). De tels procès contre des prisonniers de guerre constituent un crime de guerre», a déclaré vendredi 10 juin une porte-parole de l'organisation onusienne, lors d'un point de presse à Genève. Même son de cloche auprès de pays occidentaux, comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France. Les amis de Saadoun ont, eux aussi, exhorté les autorités russes à le libérer. En revanche, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souligné, dans des déclarations à la presse, que les deux Britanniques et le Marocain, condamnés à mort, ont commis des «crimes». La réaction timorée du Maroc s'inscrit en droite ligne avec la politique adoptée par le Maroc vis-à-vis de l'invasion russe du territoire ukrainien, lancée le 24 février par le président Vladimir Poutine. Pour rappel, à l'Assemblée général de l'ONU, le royaume a refusé de prendre part aux opérations de votes, les 2 et 24 mars et le 7 avril, de résolutions condamnant l'intervention russe en Ukraine.